✦20 décembre 2012 à Vancouver, Colombie-Britannique, Canada
Je savais que je n’aurais pas dû l’écouter, que j’aurais dû garder mon boulot. À quoi j’avais pensé en prenant ce boulot dans cette usine ? Que notre vie allait se changer en conte de fée ? Ouais, je m’étais trompée. Coupures au niveau budgétaire, il faut faire le ménage au sein de l’équipe. Diminuer le nombre d’employés. Et malchanceux comme je suis, il se trouve que je ne me trouve pas parmi les plus anciens, j’y passe. On m’envoie prendre la porte, littéralement. Plus de salaire, rien. Pas une putain cenne qui rentre, juste des sous qui sortent. C’est Dawn qui va faire vivre notre famille maintenant, c’est ça ? Coup de poing en pleine gueule de mon orgueil. « Alek ? T’es à la maison ? » Un mois que je m’emmerde à la maison, que je tourne en rond en me demandant quoi faire. Et comme de fait, je suis encore au sous-sol, en train de me servir dans notre bar. Le nombre de bouteilles a dangereusement descendu dans le dernier mois, c’est mon foie qui en souffre. « Alek ? » Écrasé dans le canapé une bouteille entre les jambes, j’ai le regard rivé vers la descente d’escalier, où je vois apparaitre les jambes de ma femme à mesure qu’elle descend. « T’es encore saoul, c’est ça ? » Elle a l’air découragée, pour faire changement. Y’a que ça que je sais faire, dernièrement, la décourager. Être un poids pour tout le monde. « J’… pas saoul ! » Alors que je m’enfile une gorgée de je sais plus trop quoi, les bras de Dawn retombent le long de son corps. « Bon, j’en ai marre Alek. T’es pas le seul qui perds son boulot alors lèves ton cul et sors. J’en ai marre de te voir boire à longueur de journée. T’attends quoi là ? Qu’on fasse faillite ? » Je lève lentement les yeux vers alors qu’un grimace de frustration nait sur mon visage. Je pose la bouteille sur la table à côté de moi et je me relève en titubant. « C’facile à dire, hein. C’qui qui a perdu son boulot ? C’moi. J’ai fait plein d’sssssssacrifices et c’comme ça que tu m’remercies ? » Je m’approche d’elle et je l’empoigne par le bras. « Qu’est-ce que j’ai fait ? J’fais jamais rien comme tu l’veux. Tu m’désire pu. » En même temps, j’arriverais sans doute à rien tellement je suis saoul rendu au soir. « Parce que tu penses que c’est un excitant un ivrogne peut-être ? Tu sens l’alcool à plein nez et tu réussis à peine à te tenir debout. Tu manges plus, tu te laves plus. Tu m’écœures Alek. » Je fronce les sourcils et je resserre ma poigne sur son bras. « Mais j’suis ton mari. » Je me penche vers elle pour l’embrasser mais elle détourne la tête. Je tente une deuxième fois, même réponse. Je me frustre. Je l’empoigne solidement par les cheveux et je plaque ma bouche contre la sienne alors qu’elle tente de me repousser. Le fait qu’elle veule se dégager ne fait que me faire insister davantage. Je la plaque contre un mur en laissant mes mains se faufiler sur sa poitrine pendant que je tente de remonter sa jupe. « Alek, ARRÊTES ! Qu’est-ce que tu fou ?! » Mais je suis sourd. Je détache mon pantalon et je me glisse entre ses cuisses malgré ses protestations. Je finis même par attrape ses poignets, avec mes mains, et à tenir ses bras au-dessus de sa tête pour l’empêcher de me frapper avec. C’est lorsque j’envoie la voix de Nymea, perchée dans les escaliers, que je reprends mes esprits. Lorsque j’aperçois l’expression de terreur sur le visage de Dawn, je la relâche immédiatement. « Dawn, je suis désolé, je … » Je la regarde remonter en haut en courant, impuissant. Bordel, qu’est-ce que j’étais en train de faire ? « Honey, j’voulais pas … » Mais le regard que ma fille me lance me gèle sur place. Elle a peur de moi. Sans attendre, elle remonte en haut rejoindre sa mère. Et comme un con, je noie ma peine dans encore plus d’alcool.