Nom ✦ Cleworth, un nom qui résonne à vos oreilles comme celui du fameux propriétaire du ranch des plaines. Prénom ✦ Léonora Surnom(s) ✦ Léo, Léonie, Nora, ... Date et lieu de naissance ✦ 14 décembre à Fairbanks. Âge ✦ Vingt trois ans. Nationalité ✦ Alaskienne de pure souche. Activité ✦ Monitrice d'équitation et patineuse à ses heures perdues. Elle fut patineuse professionnelle durant son adolescence. Classe sociale ✦ Revenus moyens, le ranch n'est pas un gouffre financier mais il est parfois difficile de finir les fins de mois. Orientation sexuelle ✦ hétérosexuelle Statut civil ✦ célibataire. Date d'arrivée à Fairbanks ✦ Elle y est née.  Lieu d'habitation ✦ Beyond the plains, au cœur de la belle nature de Fairbanks. Crédits ✦ tumblr

I was born of the womb of a poisonous man beaten and broken and chased from the land but I rise up above it high up above it and see I was hung from a tree made of tongues of the weak the branches, the bones of the liars and thieves rise up above it high up above it an see. Pray to your God open your heart whatever you do don’t be afraid of the dark cover your eyes the devil’s inside. One night of the hunter, one day i will get revenge. One night ro remember, one day it’ll all just end.


« Léonora à table ! » La petite brune, ses cheveux bouclés dégringolants de son manteau d’hiver, un sourire jusqu’aux oreilles, descendit la barrière sur laquelle elle se tenait en équilibre, scrutant les poneys qui cherchaient vainement les quelques brins d’herbe subsistant à l’hiver. Le paddock était recouvert d’une neige blanche, limpide et sans aucune trace. Âgée de huit ans, la petite Léonora Cleworth aimait à contempler les alentours du ranch familial la journée durant, sans se soucier du temps qui s’égrainait, et de la faim qui gondait dans son ventre. Seule comptait cette complicité qu’elle entretenait jour après jour avec la nature et les liens de connivence qu’elle tissait avec les chevaux du ranch. Elle jeta un dernier regard à Gazelle, son poney préféré, lui lançant de sa petite voix d’enfant sévère : « Pas de bêtises Gazelle, sinon tu auras affaire à moi quand je reviens ! » Elle pointa un doigt accusateur et rentra en courant, sous l’œil amusé de sa mère. Cette dernière lui ébouriffa les cheveux quand la demoiselle franchit le seuil de la porte et la rattrapa par le col du manteau, lui intimant d’enlever ses grosses chaussures pleines de neige. Puis elles se dirigèrent toutes deux vers la grande salle de leur maison où le déjeuner avait été servi. Léonora prit place à côté de Bonnie, sa sœur adorée dont elle était très proche et avec laquelle elle s’amusait à faire les quatre cent coups. Autour de la table se tenait la grande famille Cleworth, comportant un tripoté d’enfants, leur mère, ainsi que leur père qui présidait la table familiale, absorbé par sa soupe et jetant de temps à autre un regard noir à l’assemblée, mais ne pipant pas un mot. C’est dans la joie et la bonne humeur que le déjeuner débuta. Un peu comme tous les autres en fait…


Droite, gauche, droite, gauche, on prend appui et on s’élance. La réception du saut fut parfaite et Léonora fit le tour de la patinoire pour saluer l’assemblée que se massait là. Un sourire éclatant plaqué sur les lèvres, ses patins avançant au rythme de la musique qui peu à peu s’éteignait dans le lointain, faisant résonner ses dernières notes aux oreilles des spectateurs, Léonora était comblée d’un bonheur intense. Elle venait de terminer sa première compétition nationale de patinage artistique et trouvait que pour une première fois, elle s’était plutôt bien débrouillée. La boule de stress qui s’était formé, ronflant au creux de son ventre s’était évanouie une fois son entrée au centre de la placé glacée. Sa tenue était parfaite, ses cheveux relevés en un élégant chignon tenaient en place, ses yeux clos, ambrés d’un maquillage plus noir que la nuit lui donnait cet air sauvage tant recherché par les maquilleuses. Tout était parfait. Et tout s’était parfaitement déroulé. Le jury se retira alors pour délibérer, laissant les candidates retourner au vestiaire, attendant la sentence finale qui devait tomber sous peu. Quand enfin le classement fût annoncé, Léonora laissa échapper sa joie immense et des larmes de bonheur dévalèrent ses joues alors qu’elle courait auprès de sa famille. Elle avait obtenu la deuxième place. Son nom apparaissait dans la tête de liste, là ces quelques lettres qui allaient marquer le début d’une grande carrière dans le patinage. La main douce et tendre de sa mère sur sa joue, qui essuyait les larmes de sa fille tout en riant et ces quelques mots prononcés : « Je suis si fière de toi mon ange. » Tout cela la marqua à vie. Elle s’en souviendrait toujours, elle se l’était promis. Seul manquait à l’appel son père, comme toujours en réalité. Mais Léonora n’en avait cure. Aujourd’hui elle était la reine du monde et cela lui suffisait.


Claquant sa valise d’un coup sec, la tornade brune l’attrapa d’une main ferme et dévala les marches de sa chambre. Telle une fusée, elle attrapa son éternel manteau d’hiver, posa deux bises sur les joues de chacun de ses frères et sœurs et courut rejoindre sa mère dans la voiture qui démarra au quart de tour. « Si tu veux rater ton avion, on est bien parties Léo ! » Le ton mi-amusé mi-exaspéré de sa mère arracha un demi-sourire à Léonora. Elle acquiesça le rouge lui montant aux joues, puis s’enfonça dans son siège avant de s’attacher et de lancer un dernier regard à sa maison de Fairbanks. Elle quittait son nid douillet pour deux ans. C’est long, songea-t-elle, une boule de larmes amères se formant au creux de sa gorge. Elle se ressaisit rapidement. Devant elle s’ouvrait une perspective de découvrir le monde. Elle s’envolait dans peu de temps pour la France, pays du fromage et de la langue de Molière. Là bas elle serait pour deux ans jeune fille-au-pair dans une famille, à s’occuper d’adorables petits bouts de chou. La perspective réjouissait énormément Léonora, d’autant plus qu’elle quittait sa classe qu’elle n’aimait pas particulièrement. Là bas elle prendrait l’air, aurait le temps de se retaper et surtout de commencer un nouveau départ avant de revenir au pays. L’unique chose qui allait terriblement lui manquer c’était le patinage artistique. Sa raison de vivre. Toutefois elle se sentait capable de mettre cela de côté pour les années à venir. Aujourd’hui quelque chose de nouveau se présentait à elle et elle comptait bien en profiter. Carpe Diem comme se plaisaient à le répéter les poètes d’autrefois. S’absorbant dans la contemplation du paysage enneigée, Léonora s’imprégnait une dernière fois du paysage de Fairbanks afin d’emporter avec elle, un peu de son cocon d’adolescente.


Scrutant le tableau d’affichage des compétiteurs, Léonora tentait de garder un semblant de calme. Le si terrible et si fameux stress qui vous tord les tripes avant de rentrer sur scène s’était emparé de la jeune femme, la réduisant à un corps courbé sur un banc, ses patins blancs fétiches aux pieds, les mains entre les cuisses, tremblante de la tête aux pieds. Quand résonna alors la voix factice du micro déclarant dans un russe très prononcé des mots qui échappèrent à la demoiselle, le temps s’arrêta. Son entraîneur se tenait là, il arrivait en courant vers elle, alors qu’il aurait dû se trouver sur le bord de la piste à la regarder opérer sa chorégraphie dans les minutes qui arrivaient. Il courait, les mains tout aussi tremblantes que le corps frêle de Léonora. « Léo, Léo… » Sa voix se brisa. La voix s’égosillait dans le microphone. Léonora Cleworth, Léonora Cleworth. Il s’était passé quelque chose. Quelque chose de grave. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre sans qu’elle puisse en expliquer la cause. « Léonora. Tu ne concours pas aujourd’hui. C’est ta mère… » Le reste de sa phrase s’éclipsa dans l’ombre et les hurlements de Léonora l’empêchèrent même de terminer. Prenant sa tête entre ses mains, elle sentait son cœur se déchirer en lambeaux. Une à une les miettes se détachaient de son organe vital, s’écrasant au sol, lui lacérant chaque parcelle de son petit corps de femme de dix-neuf ans comme des morceaux de verre aiguisés. Ses genoux se dérobèrent sous la douleur, elle s’écrasa au sol, larmoyant et ne cessant de hurler. Si sa mère n’était plus de ce monde, elle n’avait plus aucune raison d’exister.


Caressant Gazelle d’une main absente, Léonora sentit une larme dévaler sa joue, sans qu’elle en ait vraiment conscience. Depuis la mort de sa mère son monde s’était effondré. Et encore plus depuis le départ de sa sœur Bonnie, celle avec qui elle avait tant l’occasion de rire par le passé. Pourtant Bonnie avait quitté le foyer familial bien avant que leur mère ne décède, mais aujourd’hui son absence se faisait particulièrement ressentir. Elle était partie sans rien dire à personne, même pas à sa petite Léo. On disait qu’elle était revenue pour l’enterrement de maman Cleworth, mais Léonora n’avait pas eu la force d’y assister, la douleur étant trop vive à ce moment là. Elle avait préféré se rendre seule au cimetière, le lendemain du jour fatidique. La tête de Gazelle vint se coller contre celle de sa maîtresse. Un semblant de sourire apparut sur le visage de la brunette avant de totalement disparaître dans une grimace de douleur. Son cœur en miettes et ses sentiments de pacotilles faisaient des tours de manège dans ses tripes. Les perles salées qui parsemaient son quotidien vinrent une nouvelle fois tremper son cou où reposait l’un des pendentifs préférés de sa mère. Léonora dans un ultime effort se mordit la langue pour ne pas hurler.


Aujourd’hui Léonora n’a toujours pas pu faire son deuil. Elle s’en veut d’avoir été à des kilomètres de là le jour où sa mère est décédée. Son amour du patinage s’est éteint en même temps que sa mère. Peu à peu pourtant, Léonora retrouve goût pour certaines choses dans la vie, et peut-être va-t-elle un jour remonter sur ses patins fétiches ? Elle a pour ambition de restaurer le ranch, même si son père s’y oppose fermement. Par ailleurs elle a l’appui de sa sœur Bonnie qui est revenue il y a peu pour annoncer son mariage. Léonora tient secrètement à ce que sa sœur fasse les festivités ici au ranch Cleworth, car selon elle c’est ce que leur mère aurait voulu. D’autant plus que Bonnie doit se faire pardonner ses nombreuses années d’absence d’une façon ou d’une autre…