Nom ✦ >richardson. Prénom ✦ jesse. Surnom(s) ✦ aucun, son prénom est bien assez court comme ça. Date et lieu de naissance ✦ trente-et-un octobre mille neuf cent quatre-vingt douze. Âge ✦ vingt-et-un ans. Nationalité ✦ américaine. Activité ✦ infirmière en psychiatrie.  Classe sociale ✦ moyenne. Orientation sexuelle ✦ ouverte à toutes sortes d'expérience. Statut civil ✦ célibataire. Date d'arrivée à Fairbanks ✦ septembre deux mille treize.  Lieu d'habitation ✦ un appartement dans le lotissement davis sur kennedy street ; arrondissement d'Holden. Crédits ✦ tumblr ; gentle heart.

Jesse serrait son sac à main tout contre elle, comme si elle éprouvait le besoin viscéral d’être rassurée au sujet de la suite des évènements. L’attente lui paraissait déjà interminable et pourtant elle n’était installée que depuis quelques minutes. Autour d’elle se pressaient des médecins, des internes, des familles affolées aux traits tirés par l’inquiétude, mais elle était venue seule parce qu’elle refusait d’avoir à affronter les regards de ses amis si les choses tournaient mal. Lorsqu’enfin elle entendit son prénom appelé par l’une des infirmières, elle se leva fébrilement et suivit la demoiselle jusqu’au bureau froid et aseptisé de son médecin. L’homme d’une quarantaine d’années lui demanda de s’asseoir en lui offrant un sourire faussement rassurant. « Mademoiselle Richardson, comment allez-vous depuis la dernière fois ? » Sa voix était posée et chaleureuse, mais la rouquine savait pertinemment que cela n’annonçait rien de bon. Quelques jours plus tôt, il l’avait appelée pour convenir d’un rendez-vous et discuter des résultats de ses derniers examens, qui s’avéraient plutôt inquiétants. « J’irai mieux quand je saurai ce qui ne va pas… » Le médecin prit alors un air plus grave et l’observa un long moment avant de reprendre la parole. « La scintigraphie a révélé plusieurs tumeurs osseuses au niveau du mollet et du pied. Vous avez un cancer des os. » Etrangement, la jeune femme se contenta de hocher la tête sans réagir plus que ça. Elle se savait malade depuis déjà des mois et finalement, mettre un nom sur ce qui la rongeait de l’intérieur était un pas en avant même si elle était consciente que le plus dur était à venir. Bientôt elle poserait ses valises dans une résidence étudiante au Pays de Galle, le temps pour elle de terminer ses études d’infirmière, et elle savait qu’elle serait toute seule pour affronter ce qui l’attendait mais au fond elle était persuadée qu’elle était capable de s’en sortir par elle-même, comme elle l’avait toujours fait.

Le bâtiment semblait un peu vétuste, il avait déjà de longues années derrière lui et il lui aurait fallu des mois de rénovation pour redevenir vraiment habitable. C’était pourtant ici que Jesse allait s’installer pour sa dernière année de cours à l’école d’infirmière. Après avoir récupéré ses clés à l’accueil, la jeune femme grimpa les escaliers jusqu’au premier étage pour découvrir sa chambre. Neuf mètres carré, rien de bien extraordinaire en somme mais cela lui suffisait amplement. La pièce paraissait terriblement glauque. Un arbre planté juste devant l’unique fenêtre la privait de lumière, mais après une bonne demie-heure de rangement, elle parvint à gagner un peu de place et commença finalement à vider ses sacs.

« Putain j’en ai marre d’avoir mal au crâne tout le temps ! » « J’peux te conseiller un remède si tu veux, ça marche à tous les coups. » lâcha nonchalamment la rouquine en arrivant tout sourire dans la cuisine commune. Comme elle s’y était attendue, elle avait sans mal attiré l’attention du jeune homme qui se massait les tempes tout en essayant de se concentrer sur le cordon bleu qu’il réchauffait à la poêle. Celui-ci se tourna vers elle en haussant un sourcil, désespéré et prêt à tout pour retrouver un brin de sérénité. « Un orgasme. » A cet instant, le jeu était lancé. Il n’avait pas suffi de grand-chose à vrai dire, un regard complice, un soupir faussement exaspéré et les deux étudiants s’aventuraient sur un chemin dangereux sans même s’en apercevoir. Jesse n’était pas du genre à faire des ronds de jambe, elle était franche et ses amis l’aimaient pour ça tandis que ses détracteurs la détestaient pour la même raison. Fière de son petit effet, elle tourna les talons, songeant qu’elle espérait bien revoir ce beau bouclé et voir jusqu’où il lui faudrait aller avant de le faire succomber à ses charmes. Un peu plus tard dans la journée, alors qu’elle traversait le couloir afin d’aller emprunter du sucre à l’un de ses voisins, elle eut tout le loisir d’admirer ce qu’elle considérait comme un simple jouet entre ses mains puisqu’il sortait de la douche et rentrait dans sa chambre, entouré d’une serviette qui laissait toutefois deviner son corps taillé comme celui d’un dieu grec. « J’en ai d’la chance aujourd’hui. » De nouveau, il ne répondit rien et se contenta d’une petite moue gênée mais elle comprit dès lors que leur relation ne se résumerait pas qu’à un vulgaire jeu de séduction ; il semblait naître un malaise naissant entre eux et même si pour le moment elle n’en comprenait pas l’origine, elle était bien décidée à pousser le vice jusqu’au bout pour obtenir ce qu’elle désirait. Il ne lui fallut que très peu de temps pour apprendre cependant que ses projets risquaient d’être mis à mal puisque l’américain était en couple depuis plus de deux ans et très amoureux de sa petite-amie, mais c’était bien loin d’être suffisant pour la décourager, au contraire ; le jeu n’en deviendrait que plus intéressant s’il se prétendait inaccessible.

Comme chaque soir, les quatre amis se retrouvaient dans la chambre de Noam pour le dîner. Frites, pâtes, riz, le parfait repas étudiant quoiqu’un peu sommaire, qu’ils prenaient plaisir à partager ensemble pour oublier le calvaire que représentait à leurs yeux l’université. L’ambiance était à la fête, à la veille des vacances, ils voulaient tous profiter de ces derniers moments avant que tous ne rentrent dans leurs familles pour les fêtes. Noël approchant, ils s’étaient évidemment mis d’accord pour s’offrir quelques verres, ce qui très vite les conduisit à de nombreux fous rires incontrôlés. Passée l’euphorie apportée par l’alcool, la fatigue commença à se faire sentir et très vite, Jesse s’appuya contre Stivell en quête d’un oreiller à peu près confortable. Trouvant l’instant des plus attendrissants puisqu’elle était plutôt habituée à les voir se chamailler, Angélique s’empressa d’immortaliser l’instant grâce à son téléphone portable et de partager la photo sur son réseau social préféré, sans se douter une seule seconde des tensions qu’elle allait involontairement créer dans leur petit groupe. A la fin de la soirée, chacun regagna sa chambre en titubant et en espérant pour que le réveil ne soit pas trop difficile le lendemain.
Aux alentours de onze heures, le téléphone de la rouquine se mit à vibrer et après avoir émis un bref grognement, elle posa les yeux sur l’écran et constata que Stivell était déjà levé. Celui-ci lui avait envoyé un message pour savoir si elle était réveillée, il avait à lui parler. Sachant que cela n’augurait rien de bon, la jeune femme l’invita à venir la rejoindre, ce qu’il fit quelques minutes plus tard. « J’me suis engueulé avec ma copine. » asséna-t-il en s’asseyant sur le lit défait. Interloquée, elle l’écouta expliquer que sa petite-amie n’avait que très moyennement apprécié la photo postée la veille et qu’elle souhaitait rompre, et elle comprit finalement que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Tous deux étaient certes devenus très proches avec le temps et elle commençait à réaliser qu’il n’était pas de ceux qu’on prend et qu’on jette aussitôt mais le voir dans cet état lui brisait le cœur. Elle tenta donc de le réconforter comme elle le pouvait mais il passa le restant de la journée enfermé dans sa chambre à se lamenter sur l’avenir incertain de son couple et précisa bien qu’il n’avait envie de voir personne. Tandis qu’elle tentait de se changer les idées en compagnie d’Angie et de Noam, elle reçut un texto de sa part lui demandant de passer le voir. Longtemps, les deux jeunes gens discutèrent de cette relation qui lui causait tant de problèmes, et anéantie par la peine qu’elle éprouvait pour lui, elle lui fit la promesse de changer. « J’vais arrêter… tout ça. J’veux dire… C’est pas correct pour ta copine, même s’il n’y a rien entre toi et moi j’peux comprendre qu’elle en doute et j’veux pas que vous vous disputiez à cause de moi. » A ces mots, Stivell leva fébrilement la tête vers elle. « Et moi j’veux pas qu’tu changes. C’est nous, on est comme ça. Si t’arrêtes de m’allumer comme tu l’as toujours fait, ce sera plus vraiment toi. »

Il était à peine dix-huit heures lorsque les deux jeunes gens quittèrent la résidence étudiante. Pour l’anniversaire de Stivell, Jesse avait frappé fort. Durant plusieurs mois, elle lui avait confectionné un carnet de souvenirs rempli de photos, de tickets de cinéma, de commentaires et de tout ce qui pouvait relater l’année qu’ils venaient de passer ensemble. Sur la dernière page, elle avait pris soin de glisser deux places pour un festival de musique auquel il rêvait d’aller depuis des mois. A leur arrivée sur le site, ils constatèrent qu’ils étaient les premiers dans la file d’attente mais ils furent bientôt rejoints par d’autres amateurs de reggae avec qui ils sympathisèrent très vite. Comme à leur habitude, il leur fallut préciser de nombreuses fois qu’ils n’étaient pas un couple, ce qui avait le don d’agacer prodigieusement la jeune femme. L’attente lui sembla d’ailleurs interminable, d’autant que le temps n’était pas franchement clément pour cette soirée qui promettait d’être mémorable. Lorsqu’enfin ils eurent l’autorisation de présenter leur billet pour entrer dans le festival, ils ne prirent même pas la peine de faire le tour des différentes scènes proposées et s’installèrent immédiatement devant celles qui les intéressaient car deux de leurs groupes favoris devaient y passer d’ici quelques heures et ils tenaient absolument à être au premier rang. Les premiers concerts se déroulèrent sans encombre, l’ambiance était excellente et Stivell paraissait ravi de son cadeau d’anniversaire, ce qui suffisait à réjouir la jolie rousse. Très vite pourtant, les étudiants commencèrent à se rassembler et l’atmosphère devint irrespirable, heureusement la musique leur faisait oublier ces quelques inconvénients jusqu’à ce que, imbibés d’alcools et de substances illicites, les jeunes autour d’eux ne se mettent à pousser, à crier, à frapper pour tenter d’avoir une place juste devant la scène. Jesse avait beau se défendre, elle se retrouva écrasée contre la barrière et les hommes de la sécurité ne semblaient pas se préoccuper de son sort, si bien qu’elle devint rapidement incapable de respirer correctement. Stivell de son côté ne s’en sortait pas beaucoup mieux mais un rapide coup d’œil à son amie lui fit comprendre qu’elle avait grand besoin d’aide et après avoir repoussé ses assaillants, il se plaça juste derrière elle pour la protéger des coups qu’il encaissait pour elle.
A la fin du concert, ils s’empressèrent de s’extirper de la foule afin de pouvoir respirer un peu et reprendre leurs esprits. Le chemin du retour se fit dans un silence pesant, chacun réfléchissant à la manière dont ils allaient devoir se dire au revoir le lendemain. Jesse rentrait chez ses parents pour les grandes vacances et ils savaient tous deux qu’elle ne reviendrait pas l’année suivante car elle devait s’occuper de sa famille qui traversait une période particulièrement difficile. Elle se sentait toutefois incapable de le quitter ; leur relation avait toujours été un peu spéciale et ce même si elle savait que les choses n’iraient pas plus loin entre eux puisqu’il avait finalement réussi à récupérer sa petite-amie et elle ne tenait pas à se mettre entre eux mais elle était trop attachée à lui pour envisager sa vie sans lui à ses côtés.