Nom ✦ Burton Prénom ✦ Alex Surnom(s) ✦ Alex Date et lieu de naissance ✦ le 29 février 1970 à Boston Âge ✦ 44 ans Nationalité ✦ Américain Activité ✦ Photographe  Classe sociale ✦ moyen Orientation sexuelle ✦ hétérosexuel Statut civil ✦ C'est compliqué /pan/ disons célibataire aux yeux de la loi Date d'arrivée à Fairbanks ✦ Je suis tout nouveau  Lieu d'habitation ✦ Hôtel Darwin ~ chambre 23m2 ~ Farewell District Crédits ✦ cc et tumblr pour les gif

Je suis né un 29 février. Bon, c'est pas si mal d'un sens, ça veut dire que j'ai dans les... 9 ou 10 ans. Quelle veine! Je vous raconterais bien qu'un type a assassiné ma famille quand j'étais gamin, et que j'ai hurlé comme un vrai héros: JE VOUS VENGERAI!!! Mais ce serait mentir. J'ai des parents qui m'aiment et une grande sœur sur-protectrice, et ils sont toujours en vie. Ma mère m'a mis au monde sans complications, et c'est une bonne chose. Mais il parait qu'ils m'avaient perdu, j'avais été échangé avec un autre. Non non, rien ne bien extraordinaire, ils ont vu tout de suite que l'autre n'était pas le bon, et ils m'ont récupéré. Je fus élevé dans la joie et la bonne humeur, ainsi que dans l'affection démesurée de ma sœur qui me prenait en quelque sorte pour une poupée. Ma mère est journaliste, mon père avocat. Pour eux, la famille était désormais au complet, et j'avais hérité du prénom de Alex. Oui, mes parents aiment la simplicité. Bref. Très vite, mes parents remarquèrent que j'étais différent. Bon au début, ils ont cru que c'était de leur faute. Le bébé qui tombe de la table à langer, le biberon qui fuit au moment de le donner, s'apercevoir au dernier moment qu'il n'y a plus de couches à la maison... Mais en grandissant, ils comprirent que leur enfant était comme... Maudit. Pour être plus simple, disons qu'il était doté d'une malchance hors du commun.




A l'école, j'étais plutôt sage. J'arrivais parcontre presque tous les jours en retard pour des raisons différentes chaque fois. Ou alors je ne pouvais pas rendre un devoir car je cite "Mon chien l'a mangé m'dame" sauf que moi, c'était vrai. Je faisais beaucoup rire mes camarades, mais la plupart se moquaient de moi. Au fond de la classe, la chaise qui cède quand je m'assois, dans la cours, un ballon en pleine tête alors que je passais par là, le matin dans la rue, une voiture qui m'éclabousse de la tête aux pieds... En fait, tout ça n'a pas trop changé aujourd'hui. Mes parents commençaient à désespérer. Il arrivait même que je me fasse engueuler, souvent, mais ça ne durait jamais longtemps. J'étais le p'tit dernier, le chouchou. Au fil des années je pris l'habitude de ma mal chance et m'en accommodai. Adolescent, c'était pas facile à assumer. Surtout avec les filles. Ça ne durait jamais. Et puis, y'en avais pas beaucoup. Je n'étais pas du genre à m'affirmer, et les filles aiment les types sûrs d'eux. Mais je menais ma petite vie. J'étais très proche de ma soeur même si parfois elle m'énerverait à me taquiner. On avait une vraie relation frère/soeur quoi, mais en encore mieux. Elle me considérait toujours comme un gamin. Même à 44 ans en fait. Peut-être parce que je suis né le 29 février?

C'est ainsi que j'ai grandi. En dehors de tout ça, mes meilleurs souvenirs d'enfance resteront les balades à vélo en famille, les séances de skate avec mon père (on était devenus des pro!), les engueulades avec ma sœur qui finissaient toujours par des larmes et un câlin devant un bon film et du pop corn (c'était encore le cas aujourd'hui d'ailleurs). J'avais poursuivis mes études dans la photographie, ma mère me fit rencontrer du monde dans le milieu de l'édition, et tout s'est enchaîné très vite.



J'allais à une soirée parce que mes amis m'y avaient trainé de force, un couteau sous la gorge, ou presque. Oui oui, j'avais des amis! Deux. Héhé. On s'est perdu de vue depuis mais passons, car ils m'ont permis de rencontre ma meilleure amie, ma sœur, mon amour, mon tout. J'avais 23 ans. Pendant la soirée, je m'ennuyais ferme. Il y avait des groupes de filles qui parlaient de leur dernier shampoing ou du dernier vernis qu'elles avaient testé, des groupes de types qui parlaient de la dernière fille qu'ils avaient... Bref. Du bon cliché. Et mon groupe à moi... Il parlait de maths. C'est pas que j'aime pas les maths mais... Oui si j'aime pas. Je suis plutôt littéraire alors... Je ne comprenais rien et je m'ennuyais à mourir. A un moment j'ai lâché l'affaire et je suis allé au bar improvisé par notre hôte afin de me servir un verre de coca. Je bus quelques gorgées et me retournai face à la salle. Certains dansaient aussi. Moi je suis nul en danse, je m'abstiens, surtout les danses à deux, à tous les coups j'écrase les pieds de ma partenaire ou je la fais tomber. Mais ce soir là j'ai fait encore pire. Comme quoi ma malchance parfois crée de la chance. C'est... Paradoxal. Mais véridique.

J'étais donc tout seul entrain de boire mon coca/grenadine (ma spécialité). Je regardais autour de moi, et plus le temps passait, plus je me demandais ce que je faisais ici. J'hésitais vraiment à rentrer. Je m'ennuyais à mourir. Bon, je vais dire à mes amis que je rentre. J'engage mon trajet d'un pas décidé, et là, malchance accumulée à ma maladresse légendaire, je me prends le pied dans un fil et m'étale de tout mon long. Sauf que, à ce moment là, une demoiselle passait devant moi. Je tombai sur Abigail, on se retrouva tous les deux par terre, mon verre renversé sur sa jolie robe blanche. Paniqué, je me suis relevé, j'ai aidé Aby à en faire de même, et j'ai bafouillé dix millions d'excuses. Pensant ensuite bien faire, je me suis vivement retourné vers le "bar" et y ai pris une serviette, tentant maladroitement d'essuyer le coca sur sa robe. Scène burlesque, en plus de cela, la serviette était bleue. Et elle a déteint sur la robe blanche. Je crois que je suis devenu tout rouge. Je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. Mais elle avait rit. Et tout avait commencé ici. On était devenus inséparables. Les meilleurs amis du monde comme on dit. On passait de longues soirée pyjama ensemble, des nuits entières. Elle, elle travaillait à l'hôpital de Boston, et elle m'y voyais souvent. Pas parce que je lui rendais visite, mais parce qu'il m'arrivait souvent un truc pas possible qui m'envoyait aux urgences. Jamais rien de grave. Sauf une fois. Mais chaque fois, elle s'inquiétait, puis elle m'engueulait. Sur le coup je n'aimais pas du tout ce genre de situation, mais après, j'étais content, car je voyais qu'elle tenait à moi. On n'avait aucun secret l'un pour l'autre, on était extrêmement complices. Ça a duré ainsi pendant des années. Pour vous dire, ça fait seulement plusieurs mois que l'on s'est découvert un lien autre que cette amitié fraternelle.



Être un adulte, ça a ses avantages et ses inconvénients. Une chose n'avait pas changé, cette poisse. En fait, très peu de choses avaient changé. Mes collègues me rappelaient trait pour trait mes anciens camarades de classe, s'amusant à m'humilier, à me jeter des gommes pour me voir sursauter, ce genre de choses. Si si ils l'ont déjà fait. Mais c'est aussi au travail que je l'ai rencontré elle. Mes histoires d'amour n'avaient été que catastrophes avant elle. J'avais 31 ans, elle en avait 27. On se croisait au travail, et mon apparente maladresse la faisait rire, mais pas d'un air moqueur comme les autres. Elle rayonnait.

Ce matin là, j'étais arrivé à l'heure. Je me dirige tranquillement vers la machine à café et salut vaguement trois collègues fanatiques des pauses café. Je glisse ma pièce de monnaie dans le distributeur, et sans que j'eus le temps de réagir, un collègue appuie rapidement sur "jus de tomate", ce qui me vaut un joli liquide rouge à la place de mon café. Je bug une seconde puis me retourne vers le dit collègue qui se marre avec les deux autres.

Je lève ensuite les yeux au ciel sans chercher d'avantage à lui répondre. Ainsi, mon jus de tomate et moi partons en direction de mon bureau pour rédiger un article. En fait, je n'avais pas de bureau à moi mais passons. J'étais multifonction. Je bus machinalement mon jus de tomate en allumant l'ordinateur. Je repose le gobelet. Un collègue me salut en passant, par l'encadrement de la porte. Je tourne mon fauteuil pour lui répondre mais il est déjà parti. Le dossier heurte le gobelet, et voilà mon jus de tomate étalé sur l'ordinateur portable du travail. Une vraie scène de crime.

Merde!

C'est à ce moment là qu'elle arriva dans le couloir, me voyant entrain de secouer le pauvre ordinateur la tête en bas pour qu'il recrache mon jus de tomate. J'entends la demoiselle rire et me retourne vivement sous la surprise. Je lui adresse un sourire, gêné.

J'ai, j'ai renversé du... Fin bref.

Elle rit de plus belle, rentrant dans le bureau.

Oh pauvre ordinateur...

Elle se moquait de moi. Mais gentiment. Elle me fait un clin d’œil et moi je lui souris bêtement, l'ordinateur dégoulinant entre les mains.

Venez, je vais vous en trouver un autre, et on n'aura qu'à cacher celui-là!

Je ris doucement et la remercie, la suivant jusqu'à son bureau. A peine arrivé, je me prends les pieds dans un fil d'ordinateur et tombe à la renverse, en avant. Elle éclata de rire et m'aida à me relever.

Vous, vous n'êtes vraiment pas banal.

C'était le plus beau compliment qu'on m'ait fait. Je pris mon courage à deux mains et l'invitai à diner, et puis ça s'est fait petit à petit. Elle s'appelait Candice. La belle, la sublime Candice. On a vécu un bon moment ensemble. Quelques années de bonheur. Six ans pour être exact. On s'aimait comme pas possible, et ma mal chance/maladresse la faisait rire. Le lit qui lache sous nos ébats, la douche qui fuit et qui éclabousse de l'eau partout dans la pièce, m'envoyant un jet en pleine figure... Tout cela la rendait joyeuse autrefois. Mais au bout d'un moment elle en avait marre. Elle ne voyait pas d'avenir avec moi, elle avait peur, tout ça la rendait folle. Les disputes étaient de plus en plus présentes, et petit à petit je me formais un cocon pour y échapper. Dans ces moments douloureux je m'évadais dans mes rêves. Je commençais à avoir des blocages, des "bugs". Mon cerveau s'échappait, je n'étais plus là. Ça avait le don d'énerver encore plus Candice. Je m'excusais sans fin. Je ne contrôlais pas. Je lui dis que je l'aimais plus que tout et elle finissait toujours pas craquer, mais elle n'était plus heureuse. J'ai eu peur de la perdre, alors je l'ai demandé en mariage, et elle a accepté. Tout se serait merveilleusement bien passé si le ponton sur lequel on posait pour les photos ne s'était pas écroulé et qu'on avait fini dans l'eau. Mariage gâché. Elle était furieuse. Elle est partie et m'a laissé là, le jour de mon mariage. Vous parlez du plus beau jour de ma vie... En tout cas c'est certain que je ne l'oublierai jamais. Ce jour là, je crois que je ne m'en serais jamais remis si Abby n'avait pas été là. Elle était d'ailleurs ma demoiselle d'honneur. Elle m'a consolé. Je crois que si elle avait pu, elle aurait tué Candice.




Depuis je vivais ma petite vie, seul. Enfin presque, j'avais Abi. J'allais souvent voir ma famille, ou des amis. Mais je passais la plupart de mon temps dans le parc de mon quartier à lire, dessiner ou écrire, ou alors je me baladais, appareil photo en main, et avec mon skate la plupart du temps. Celui que mon père m'avait offert il y a des années. Ce soir là j'étais crevé. J'avais donc décidé de rentrer directement. J'avais appelé un taxi pour aller plus vite. Qu'elle ne fut pas ma surprise quand j'arrivai devant mon immeuble. Il... Il est ou? Je lève la tête vers les reste du bâtiment noir et en ruine. Tout plein de pompiers autour... J'avais tout perdu. Je restai devant, j'avais comme un blocage. Puis je fis demi tour, ma petite valise en main. J'appris le lendemain matin dans le journal qu'il s'agissait d'un acte "terroriste" d'une bande de "défenseurs de la liberté". Génial. J'étais vraiment libre comme l'air maintenant... Mais le pire dans tout ça, c'était que tous les immeubles autour du mien était intacts. Bon, ce n'est pas si grave. J'ai relativisé. J'ai sonné chez Abby comme un chien abandonné. Elle m'a hébergé quelques jours, en attendant que je me trouve un nouvel appartement.



Alors qu'elle m'hébergeait, Abby profita de la situation pour m'emmener faire du shopping. Autant avouer tout de suite que je n'aimais pas ça. Surtout avec Abby, car il faut savoir qu'elle est passionnée par la mode, et qu'elle est disons... Riche. Oui on peut le dire. Du coup, je n'étais vraiment pas à mon aise, surtout qu'elle insistait pour me payer des vêtements. Mais je finis par accepter, pour lui faire plaisir, et aussi parce que je n'avais pas vraiment le choix. C'est ainsi qu'on se retrouva dans un de ces magasins de luxe où tout était hors de prix.

Je me regarde dans le miroir de la cabine. C'était si étrange pour moi de porter ça. C'était comme si ces fringues n'étaient pas faites pour moi. Ce n'était pas mon univers. J'avais l'impression de bafouer une règle ou je ne sais quoi, de ne pas être à ma place. Aby semblait beaucoup aimer en tout cas, et ça me faisait plaisir. Elle remettais mes cols en place, me regardait de la tête aux pieds pour vérifier que tout était ok. Elle semblait si sure d'elle, si à l'aise dans ce genre d'endroit. Puis, vint le moment où je du sous la torture essayer un costard. J'étais entrain de me débattre nerveusement avec ma cravate quand Abby, ayant compris mon problème, entra dans la cabine pour me l'ajuster. Je baisse les yeux vers ses doigts si habiles et légers, s'entrelaçant autour du tissu. Elle ajusta ensuite le tout et me regardant, prétendant que j'étais ainsi sexy, ce qui afficha un sourire amusé sur mon visage.

Mon regard fixe le sien tandis que mon sourire s'efface petit à petit, me laissant un air plus sérieux et profond. Mes yeux bleus n'ont jamais été aussi brillants. Je ne peux pas vous dire ce qu'il s'est passé dans mon foutu crâne à ce moment là. J'ai regardé Abby avec des yeux nouveaux, des yeux amoureux, un sentiment que je n'avais jamais voulu m'avouer. Un sentiment qui prenait le dessus sur mon esprit et me rendait dingue. On était là, dans cette cabine étroite, l'un tout prêt de l'autre... Vous allez me dire que j'ai déjà dormi avec elle sans arrière pensé, et c'est vrai, mais allez savoir pourquoi je craquai à ce moment là, pourquoi mon visage s'approchait presque malgré lui de celui d'Abby, ma meilleure amie, mon amour inavoué. Mon amie de toujours. Tout se passa si vite, et en même temps, le temps semblait s'arrêter autour. Mon cœur commençait à battre ma poitrine, et mon cerveau à hurler au scandale. Tu fais n'importe quoi Alex! Quand vas tu enfin te comporter comme un adulte?! Mais je n'écoute pas. Mes lèvres effleurent celles d'Abby pour y déposer un tendre baiser.

On avait eu du mal à accepter cette nouvelle situation. Moi j'avais regretté mes gestes, je m'étais excusé, extrêmement gêné, et j'avais voulu faire comme s'il ne s'était rien passé. Mais Abby voulait qu'on en parle, et on a finit par s'avouer que tout n'était plus comme avant. On prenait un chemin nouveau. Cependant, Abby est du genre à avoir beaucoup d'hommes... ou de femmes dans son lit, depuis la mort de son mari qui l'a énormément marqué. Pour ne pas la perdre, j'acceptai une relation libre. Je ne pensais pas que ça me ferai si mal par la suite.



Une belle journée ensoleillée! Rien de mieux pour rendre une visite surprise à Abby! J'appelle un taxi que j'attends quelques minutes. Au moins, avec ce beau soleil, je ne risquais pas d'arriver chez Abby recouvert de boue. C'était une belle journée!

Le taxi arrive enfin! Une type fort sympathique ouvre la vitre de la voiture.

Salut mon gars! Aller viens, chez moi on monte à l'avant, c'est quand même plus convivial!

Vous... Vous êtes sûr? Je croyais que vous n'aviez pas le droit...

Hé p'tit, je suis chauffeur de taxi depuis 30 ans, alors je fais ma loi. Monte à l'avant.

Je lui adresse un sourire et exécute. Une fois à l'intérieur, je m'attache et le type démarre.

Bah voilà! C'est quand même plus agréable! Moi c'est Alfred et toi?

Alex.

Je lui dis où je veux aller et on discute. Il est très chaleureux et me complimente sur le fait que je rends visite à une dame. On rit un peu ensemble mais je reste timide et gêné. Mais bref, tout se passait bien. C'était bien. En plus il n'y avait personne sur la route. Enfin presque. Il suffisait d'un. Juste ce camion qui déboule de notre droite en grillant le stop. Rien qu'une ligne blanche peinte au sol. Une pauvre ligne qui aurait pu nous sauver. Mais le camion n'en avais rien à faire. Il fonçait droit sur nous. Le choc fut si violent que le taxi fut projeté contre une vitrine qui explosa. La voiture se retournait... Je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Puis tout s'arrêta. Je n'étais qu'à moitié conscient. J'entendais des bruits sourds. Des cris. La panique tout autour. Mes yeux s'ouvrent avec difficulté alors que mon coeur s'accélère et frappe ma poitrine. J'ai mal un peu partout et je ne comprends pas. Mais le pire. Le pire c'est ma jambe droite. Je comprends pas. Qu'est ce qu'il se passe? Je peine à ouvrir les yeux et je vois flou. Je commence a respirer de façon saccadée. Ça y est. Je comprends. Je panique. Mon dieu!!! Mon dieu!!! J'entends des sirènes. Mon ouïe et ma vue s'éclaircissent. Les sirènes venaient de l'ambulance. J'entends du bruit mais je ne vois rien. Je sens des bras puissants m'attraper avec délicatesse et assurance.

Ça va aller monsieur. On est là. Ça va bien se passer.

Je n'arrive pas a bouger ni a parler, paralysé par la douleur et la peur. Un deuxième homme essaye de décoincer ma jambe écrasée sous les débris. Ils arrivent à me retirer de là et c'est un soulagement. Mais j'ai peur. Peur comme jamais je n'avais eu peur jusqu'à maintenant. On me mets sur un brancard et je penche la tête vers la voiture. Ils sont entrain de retirer le conducteur avec délicatesse et sans précipitation.

Il est mort... On ne peut plus rien...

Un frisson violent me frappe. Les larmes me montent aux yeux. Pas parce que je suis triste pour cet homme que je connais à peine, pour l'instant je n'arrive pas à ressentir cela. Pour l'instant, je suis simplement traumatisé. J'entrevois le cadavre ensanglanté et mon cœur s'emballe de plus belle ainsi que ma respiration. Mes yeux sont humides et je commence à avoir extrêmement froid. On me met dans l'ambulance. Mes yeux se ferment doucement...

Est ce que je suis entrain de mourir? Je laisse s'échapper un dernier souffle glacial. Mon dieu ce que j'ai froid... Je... Je vais savoir ce qu'il y a après? Et s'il n'y avait rien? La seule image qui me vient est Aby. Je veux la revoir. Je veux revoir son sourire. Aby... Un ambulancier est à mes côtés et essaye de me maintenir éveillé. Je prononce quelques mots faibles, entre-coupés par ma respiration saccadée.

Je... Je veux aller au Boston Hospital. Dites leur... Dites leur que je veux voir Aby... S'il vous plait... Je veux la voir...

C'était atroce ce que je faisais, car j'allais faire souffrir Aby, énormément. Mais j'avoue ne pas penser à cela en ce moment même. Mes pensées sont bousculées et affreusement égoïstes. J'ai peur. Je veux qu'elle soit là. Je veux la revoir. Je... Je ferme les paupières à m'en exploser les yeux. Une larme discrète s'échappe au coin de mon œil. Ces douleurs qui me frappent. Elles me rappellent que je ne suis pas encore mort, mais que je suis vraiment mal en point. Cette fois j'avais beaucoup moins de chance que d'habitude... Cette fois serait peut être la dernière... Mon sang se glace.

On me sort en vitesse de l'ambulance. Je comprends pas tout ce qu'il se passe. Mes yeux voient le ciel puis le plafond défiler. Tout le monde s'agitent autour de moi et je panique de plus en plus. Je ne m'étais jamais trouvé dans cet hôpital sans Aby m'accueillant et m'engueulant parce que je lui avais fait peur. Un léger sourire triste et amusé s'affiche sur mon visage. Aby... Elle allait vraiment me tuer cette fois! En espérant que je revienne à temps pour cela... Je... Je... Je suis endormi.

On m'a opéré, et à mon réveil, elle était là. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. Elle avait beaucoup pleuré. J'avais des côtes cassées et ma jambe était vraiment mal en point. J'avais interdiction de me lever. Ces longs mois à l'hôpital, je les ai très mal vécu. Heureusement qu'Abby était là. Mais voir mes proches défiler, se mettre dans un tel état, sans que je ne puisse rien faire... J'étais énervé de les rendre malheureux, énervé de pas pouvoir bouger, moi qui aimais tant le skate, la nature, bouger. Je ne supportais pas de rester au lit entre ces murs blancs, de voir Abby passer son seul temps libre avec moi et se ruiner la santé, essayer de me rassurer. Et j'avais peur, peur de ne jamais pouvoir remarcher. Mais tout finit par s'arranger. L'accident nous avait presque rapproché. J'étais sorti avec des béquilles après un long moment de rééducation, et j'avais profité de Abby et de ma famille comme jamais, me rendant compte à quel point la vie était fragile.



Abby m'avait invité à dîner. J'étais content, mais je trouvais ce terme étrange. Dîner. Ça faisait si officiel. M'invitait-elle à l'une de nos bonnes vieilles soirées pyjama? Ou au ciné? J'en sait rien. Juste à dîner. Avait-elle quelque chose à me dire? J'appréhendais. Peut-être avait-elle réfléchi à notre relation, et qu'elle voulait elle aussi que ça devienne plus sérieux? Ou alors peut-être voulait-elle y mettre un terme? Je frissonnai. Peut-être est-ce juste un dîner. Pas de panique. Je stressais un peu quand même.
J'étais venu dans de beaux habits qu'elle m'avait offert, et on avait passé une bonne soirée autour d'un repas simple. J'aimais la simplicité. On a rit, on a parlé, c'était bien. Si bien... Mais à la fin du repas... Il y eu comme un malaise. Mon dieu j'avais raison, elle voulait me parler de quelque chose. C'était pire que tout ce que j'avais pu imaginer.

Alex... J'ai quelque chose à t'annoncer... J'ai eu une offre de travail en Alaska et je pense que je vais accepter.

Mon sang se glaça, mon corps se raidit. Je faillis lâcher le verre que j'aivais dans la main. Je le reposai sur la table, tremblant. Non... Non elle pouvait pas... Elle pouvait pas m'abandonner comme ça! J'avais des pensées très égoïstes. Je ne voulais pas qu'elle parte. Mon visage se décomposait. J'entrouvris la bouche, mais je n'arrivais pas à parler.

Je... Tu...

Je me laisse m'effondrer au fond de ma chaise, le plus profond possible. J'ai envie de disparaitre. Je ne devais pas penser qu'à moi. C'était une super opportunité pour elle pas vrai? J'avalai ma salive avec difficulté. J'avais presque envie de pleurer. Non pas presque en fait, vraiment. J'avais les yeux brillant, mais je me retenais. Comment réagir? Faire semblant d'être heureux pour elle? C'était bien ça, même si le ton de ma voix me trahissait. J'avais du mal à parler.

C'est super. Tu auras une meilleure place la bas.

Je lève mon regard brillant vers elle. Mon visage devient presque froid, parce que je ne veux pas lui montrer à quel point je suis bouleversé. Ne pas craquer.

Où ça, en Alaska?

Fairbanks.

Je fis un signe positif de la tête l'air de dire c'est bien ça! Mais mon geste est nerveux. Je fixe mon verre vide. Mon esprit n'est plus là.




Ça y est, elle est partie. Je répétais ça en boucle dans ma tête. J'avais accompagné Abby à l'aéroport. Je crois que je n'aurais pas dû. Je l'ai serré fort dans mes bras, on s'est embrassés, et elle est partie. Je lui avais adressé un sourire, et, me retournant, j'avais laissé les larmes couler sur mon visage. Je ne la reverrai jamais... jamais...

Il ne fallait pas que je reste seul, ou j'allais devenir fou. J'avais appelé ma sœur, et j'étais allé chez elle. Je lui avais raconté le départ d'Abby, et j'avais pleuré dans ses bras, comme un gamin. J'étais toujours son petit frère après tout.

J'étais resté plusieurs jours telle une larve chez ma sœur. J'avais été licencié avant mon accident, à cause d'une bourde que j'avais fait, encore. Et je ne cherchais pas un nouveau poste. J'étais juste étalé sur ce lit, les yeux rivés sur la télévision, la tête en bas dépassant du matelas. Oui, je regardais l'écran, à l'envers. Ma sœur essayait de me bouger mais ça ne servait à rien. Je ne pensais qu'à elle. Abby. Et au vide qui était présent dans ma vie. Puis, un jour, je me mis enfin à parler, alors qu'on regardait la télévision ensemble. Comme ça, d'un coup, les yeux rivés sur l'écran, je lâchai un monotone:

Je peux pas vivre sans elle.

Ma sœur s'est tourné vers moi. Elle avait l'air presque énervé.

Alors qu'attends-tu?!

Je tourne mon regard vers elle.

Quoi?

Mais fonce bon sang! Va la retrouver! Va lui dire que tu l'aimes! Sois courageux, sois un vrai chevalier, comme dans les films! Aller Alex qu'attends-tu!! Cours vers l'aéroport le plus proche et rejoins-là!

Elle se mit à sourire, elle s'emportait. Mes yeux s'agrandirent, l'air de dire "quoi moi? moi faire un truc pareil? Je ne suis qu'Alex, je suis incapable de faire ça..." Son regard me soutient. Tout se bouscule dans ma tête et là, un sourire s'affiche sur mon visage. Bordel. Je l'aime. Je dois partir. Je dépose un énorme baiser sur la joue de ma sœur.

Merci!

Je me lève d'un bon du lit sous le rire joyeux de ma sœur. J'attrape mes vêtements et les remets rapidement dans la valise que j'avais emmené chez ma sœur. Je ne pris rien d'autre, je n'en avais rien à faire. J'avais évidemment mon appareil photo professionnel avec moi. Toujours. Un au revoir chaleureux à ma sœur, puis un à mes parents que je suis passé voir, et me voilà à l'aéroport, à payer un billet hors de prix car pris à la dernière minutes, et voilà. Je m'envole. Je n'avais jamais pris l'avion. Je n'avais jamais quitté Boston plus d'un jour... D'un seul coup, j'angoisse. Qu'est ce que je fais là? Et si Abby ne voulait pas de moi? Je regarde le ciel à travers le hublo. Et si mon avion se scratchait? Ne sois pas idiot Alex... Quoi qu'avec ma poisse... Bordel ne pense pas à ça. Ça se bousculait dans ma tête. Puis je pensais au fait que j'allais retrouver Abby, et à son sourire, et mon cœur s'emballait. Un sourire se dessina sur mon visage tandis que je me mordais la lèvre inférieure, d'impatience et de trac.




Je descendis de l'aéroport, légèrement tremblant. Le temps ne m'aide pas à me sentir mieux. Bon dieu ce qu'il fait froid!! Je récupère ma valise, je sors, et observe le paysage avec de grand yeux. Je le trouve magnifique, mais il m'effraye. Je regarde l'aéroport derrière moi. Dans quoi me suis-je embarqué? Il est trop tard pour faire demi tour. Je dois être courageux. Je reste planté là quelques secondes. Je regarde autour de moi les rues gelées et presque vides, et je me mets à frissonner, par la peur, par le froid qui me tétanise. C'est quoi ce trou paumé? ... Abby est la quelque part. J'y étais presque. Je réservai une chambre d'hôtel en attendant de m'installer. Je déposai mes affaires dans ma chambre, et partis à la recherche d'Abigail. Elle est surement à l'hôpital, exerçant son métier à son nouveau poste. Mon cœur battait de plus en plus vite. Aller, c'est parti...