'So good to see you.
Après avoir perdu – en quelques sortes- mon emploi. Ou plutôt après qu’on m’ait gentiment fait comprendre que je n’avais plus le niveau pour exercer ce métier et qu’il était préférable que je m’efface, j’eus l’impression qu’on venait de me retirer ma vie entière. Ma vie, mes objectifs, mes espoirs. C’est dans ce genres de situations qu’on se retrouve obligé de se remettre en question. Impossible de continuer de se mentir à soi-même. Je me suis donc rendu compte que le début de ma chute n’était pas uniquement due à cet imbécile et cette balle perdue, mais belle et bien à la mort de celle qui a été à la fois ma complice et ma pire ennemie. Depuis qu’Elizabeth était six pieds sous terre, j’avais perdu de ma grandeur…Au fond j’étais obligé d’admettre que si j’avais été aussi brillant c’était un peu grâce à elle.
Je n’ai jamais pu croire qu’elle avait pu disparaître de cette manière. Aussi bêtement. Parce qu’au fond de moi, quelque chose me disait qu’elle était toujours là, quelque part. En réalité, je n’arrivais simplement pas à faire mon deuil…Voila l’unique raison pour laquelle j’étais venu me terrer dans ce trou perdu d’Alaska. Emily Abbott y vivait. Sa sœur jumelle. J’avais besoin de la voir, pour me prouver que ce n’était pas Elizabeth et pour pouvoir –peut-être- aller de l’avant.
Ca aurait été trop facile si ça s’était passé comme ça, non ? En réalité, je l’aie croisée, quelques fois dans la rue… J’ai douté plusieurs fois. Après tout elles étaient jumelles, c’est légitime qu’elles se ressemblent autant. Mais il m’a fallu un seul regard pour savoir que j’avais bel et bien à faire à Elizabeth et non Emily. Sa tentative de fuite n’a été qu’une vulgaire confirmation. Je m’étais mis à la poursuivre dans l’espoir idiot de l’arrêter sans réellement savoir ce que j’allais bien pouvoir lui dire. Après tout nous n’avions plus rien à nous dire…
J’agrippai son bras avant d’affirmer que sa tentative de fuite était pathétique. Elle décrocha un rire cynique à faire froid dans le dos – si on ne la connaissait pas. «
Ce qui est pathétique c'est d'avoir tenté de me tuer et d'avoir eu ma sœur à la place. » Elle rompit violemment le contacte que j’exerçais sur son bras avant de rajouter un sourire mesquin aux lèvres. «
T'as payé combien pour te débarrasser de moi ? Ou alors, ils t'ont donné quoi en échange pour que tu leur balances où j'étais? » Oui j’avais été un vrai salaud à l’époque. Mais elle me croyait vraiment capable de payer quelqu’un pour la tuer ? Si j’avais réellement voulu le faire, je l’aurais fait de mes propres mains. Moi au moins je n’aurais pas tué sa sœur…
Tentant de rester de marbre face à ses ‘insultes’, je me contentai de laisser un sourire au coin se dessiner sur mes lèvres avant qu’un rire méprisant ne s’échappe de ma gorge. «
T’es sérieuse !? Tu crois que j’ai besoin de payer quelqu’un pour qu’on ait envie de te faire la peau ? Je ne m’abaisserai jamais à ça. Et je ne suis pas assez corrompu pour qu’on me paie afin que je divulgue des informations. Je fais ce genre de chose de gaitée de coeur si ca me dit. Et sache que si c’était à refaire, j’aurai préféré m’en charger moi-même. Au moins le travail aurait été fait correctement. » Je la sentais bouillonner intérieurement. Alors que je venais de lui avouer de manière détournée que j’avais signalé ‘gratuitement’ à ses ennemis où la trouver. Elle n’attendit pas plus longtemps pour tourner les talons et s’éloigner au pas de course. Je levai les yeux au ciel avant de reprendre ma ‘course’. Non, je n’avais pas passé presque cinq mois ici pour échanger quelques mots venimeux avec elle. C’était trop bête. Au diable ma fierté mal placée. «
Beth attends ! » Impossible de lui faire entendre raison… J’avais nulle intention de me donner en spectacle dans ce centre commercial. Inutile de la rattraper, elle ne se laisserait plus faire. Je cessai de la suivre, décidant d’utiliser ma dernière carte. Une pincée de sincérité. «
Je n’savais pas à l’époque ce qu’ils allaient faire… J’ai regretté… » Je poussai un soupire, baissant les yeux sur le sol. Tout espoir de la voir stopper sa course folle avait disparu, pourtant je ne sais pas pourquoi, j’eus besoin d’ajouter cette dernière phrase. «
J’ai été à ton…Enfin à son enterrement. Et j’ai su que j’avais joué au con. »
fiche par blackheart. - image par crédit.