Nom ✦ Roseburry et je n'en suis pas peu fier. Certes mes relations avec mon père n'ont pas toujours été au beau fixe mais il n'empêche que je l'ai toujours beaucoup respecté et c'est encore le cas aujourd'hui. C'est donc avec honneur que je porte son nom et j'essaie d'en être digne, du moins le plus souvent possible... Prénom ✦ Aaron, basique, classique, je ne le déteste pas mais je n'en raffole pas non plus. Plus petit j'aurais voulu m'appeler Goku puisque j'étais fan de Dragon Ball, aujourd'hui je me dis qu'heureusement qu'on ne puisse pas changer de prénom quand on est goss... Vous voulez vous faire soigner par le docteur Goku vous ? ... Sinon mon second prénom est Jonathan en hommage à mon grand-père paternel décédé quelques jours avant que ma mère apprenne à mon père qu'elle était enceinte de moi. Surnom(s) ✦ Je n'ai pas vraiment de surnoms si ce n'est le fameux "ronron" de la famille.  Date et lieu de naissance ✦ Je suis né le 27 mai 1985 à la frontière de Fairbanks. Ma mère voulait absolument accoucher à Fairbanks et lorsqu'elle a eu ses premières grosses contractions lors d'un voyage avec mon père à Whitehorse, elle a ordonné qu'il cesse directement son discours pour l'amener à la maison. Sur le trajet elle a perdu les eaux et c'est à peine la frontière Alaskienne passée que j'ai pointé le bout de mon nez. Bon, on était pas à Fairbanks mais faut pas abuser non plus, ce fut difficile pour moi d'attendre d'arriver sur les plaines du grand froid pour attiser mon envie de découvrir le monde... ou pas.   Âge ✦ J'ai actuellement 29 ans mais la trentaine me guette... Beaucoup me charrie avec ça mais moi j'y arrive totalement relax même si le fait de ne pas être déjà père à mon âge commence à me peser.   Nationalité ✦ Né à la frontière de l'Alaska je suis donc Alaskien.  Activité ✦ J'ai travaillé en tant que médecin-militaire durant plusieurs années et depuis quelques mois maintenant (fin janvier 2014) je suis propriétaire d'un cabinet médical. J'en ai hérité pour je ne sais quelle raison mais j'y travaille malgré tout puisque ça a toujours été mon rêve mais jamais je n'aurais osé sans cette opportunité.  Classe sociale ✦ J'ai toujours eu une vie confortable. Mon père gagnait assez bien sa vie pour que ma mère n'ait pas à travailler et pourtant elle ne pouvait s'en empêcher, organiser des fêtes, des mariages ayant toujours été sa passion. Et même si mes parents ne m'ont jamais aidé j'ai toujours eu des revenus assez confortables, on dit merci l'armée. Maintenant que je travaille dans le cabinet mes revenus ont quelque peu diminué mais pour moi ce tournant dans ma carrière n'a pas de prix. Puis il n'empêche qu'avec mes économies et mon salaire actuel, mes revenus restent malgré tout plutôt aisés.  Orientation sexuelle ✦ Hétérosexuel ! Je n'ai jamais été attiré par un homme ou tenté quoique ce soit avec un mais je n'ai pas pour autant quelque chose contre les homos. Ce n'est juste pas pour moi.  Statut civil ✦ Marié. Certes c'est très compliqué avec Mila depuis l'accident mais il n'empêche qu'elle est toujours ma femme. C'est pourquoi j'essaie de lutter contre mon attirance pour Clio. Mais dieu seul sait à quel point c'est compliqué...  Date d'arrivée à Fairbanks ✦ J'y vis depuis toujours et je pense que j'y finirais mes jours.   Lieu d'habitation ✦ Je vis dans le Holden avec Mila. Notre maison se trouve dans le nouveau lotissement Ruby. Crédits ✦ tumblr.

✦ 1993.
« Anya !!! » hurle la petite tête brune qui vient de se prendre une boule de neige en pleine face. Il enfile alors rapidement ses gants et même pas un manteau sur le dos il court à grands pas pour s'emparer d'un tas de neige. Il la malaxe pour en faire une boule puis la jette sur sa petite sœur. Qu'il loupe. « Ahah tu sais même pas viser ronron ! » rigole la brunette ce qui fait ronchonner le gamin. Mais pas pour longtemps puisque même pas trente secondes après, elle est emportée par son second frère dans un tas de neige. Les trois enfants Roseburry recouverts de poudreuse se mettent alors à rire de bon cœur. La petite tête brune qui s'est faite attaquer par sa sœur, c'est moi. A l'époque j'avais 9 ans, Anya 4 et avec notre frère aîné James qui avait 14 ans, on était tout le temps entrain de se chamailler, se taquiner ou de s'amuser ensemble. On était des enfants quoi... Et comme l'illustre bien ce moment, nous avons eu une enfance heureuse. Non, ceci n'est pas un souvenir d'enfance parmi tant d'autres beaucoup plus malheureux qu'on préfère se rappeler pour ne pas déprimer. Des instants tels que celui-ci nous en avons vécut des tonnes. D'ailleurs assez souvent Anya, James et moi on se rappelle quelques uns d'entre eux. Bien trop souvent ces derniers montrent l'un d'entre nous dans une fâcheuse situation et même si à l'époque ils nous paraissaient affreusement honteux, aujourd'hui on en rigole plus qu'on en rougit. Tout ça pour dire que nous avons été heureux. Certes nous avons vécut des choses pas forcément faciles, tout ne nous a pas forcément été donné dans le bec sans qu'on ait à se battre pour, mais quand on fait le tour de notre enfance on peut dire que nos parents on fait du bon boulot. Nos parents étaient d'ailleurs un couple très apprécié à ville et ils le sont toujours. Rencontrés alors qu'ils avaient 24 ans ils ont eu James même pas 1 an après et c'est à l'annonce de cette nouvelle qu'ils se sont mariés. Considérés pour beaucoup comme parfaits, y compris par nous, personne n'a déjà pu les voir se disputer malgré leurs caractères bien trempés. Desquels Anya, James et moi avons plus ou moins hérité d'ailleurs. En bref la famille Roseburry a toujours été bien sous tous rapports. Du moins jusqu'à ce mon frère, ma sœur et moi grandissons...  

✦ 1995.
« Il est où ton père Mimi ? » La blondinette hausse les épaules et c'est un regard ultra triste qu'elle affiche. Je comprends alors que je n'aurais peut-être pas dû aborder le sujet... « En mission, pour 9 mois. » Je la prends alors par l'épaule et la serre quelque peu. « Ça va aller. Nos pères reviennent toujours... » Non ce n'est pas un câlin, même pas vrai. Juste un geste d'amitié. Quoiqu'il en soit j'suis peu convaincu de ce que je dis. Mon père doit revenir dans 3 mois normalement et à part quelques lettres reçues avec un gros retard nous n'avons aucune nouvelles. Au final à chaque lettre je me dis que si ça tombe on lit les mots d'un mort. La dernière fois j'en ai parlé à James et il s'est énervé. Sans doute parce qu'il a trop peur que ce que je dis soit vrai. En bref. Mila toujours sous mon bras je fais glisser ce dernier jusqu'à sa main et la tire. « Allez suis-moi, Mme Caldwell a fait son fameux gâteau au chocolat, j'suis certain qu'elle va le laisser reposer à la fenêtre on aura qu'à le goûter un petit peu... ou beaucoup !  » Elle me sourit. Certes son inquiétude n'a pas disparue mais lorsqu'on est ensemble les choses semblent juste plus faciles à supporter. On vit la même chose, on se ressemble beaucoup et en plus de ça on a grandit ensemble. Bien plus que la voisine d'à côté, Mila c'est ma meilleure amie. Et c'est donc en courant à ses côtés que je vais jouer à l'apprenti-voleur de gâteau. Pour le plus grand malheur de ma chère mère puisque comme chaque fois on finira par se faire chopper.

 ✦ 1998.
« Anya Roseburry tu es consignée jusqu'à nouvel ordre ! » Anya me regarde et moi je peine à garder mon sérieux. Là je peux rien pour elle. Entrer par effraction chez son professeur pour découper dans ses plus belles culottes qu'elle aime selon ma sœur montrer à ses camarades de classe, juste parce que la Aniste (raciste d'Anya) comme elle aime l'appeler, a refusé de rallonger son délai pour son devoir... Elle a fait fort !  « Mais Aaron dis-lui toi aussi qu'elle sait pas me voir. » S'affiche sur mes lèvres un sourire moqueur et je réplique « Je ne sais rien moi... Tu m'as défendu toi quand j'ai été consigné la semaine dernière pour avoir soit disant foutu une trempe à  ton petit copain ?  Non.  Alors tu te débrouilles ! » Je rigole alors et ma mère me pousse vers la sortie « Va faire tes devoirs toi au lieu de t'amuser aux dépends de ta sœur ! Tu crois que ce n'est pas assez malheureux pour elle ?! » Anya et moi on se met alors à rire. « T'as vu je te l'avais dit ! » que je lance à ma petite sœur. Notre mère qui fait la moue, ne comprenant certainement pas pourquoi ces éclats de rire, nous lance « J'ai encore été victime d'une de vos conneries c'est ça ? » Elle tente de garder son sérieux mais on peut bien voir qu'elle a elle aussi envie de rire. « Absolument maman. » répond Anya. Effectivement j'avais parié avec elle que si je ne voulais pas la défendre forcément notre mère finirait par le faire. Elle n'aime pas qu'on ne soit pas solidaires. Et nous on la connait assez bien pour utiliser ses faiblesses à notre avantage. « Mais elle est quand même punie hein maman ? » Ma mère nous regarde et j'ajoute « Ah non moi j'ai été puni ! » Et ça suffit pour qu'elle lance à Anya. « Bon pour cette fois, ça passe. Mais laisse donc tranquille cette Aniste sinon on va finir par avoir des problèmes ! » La concernée sourit à s'en décrocher la mâchoire avant de lancer. « Toi même tu dis qu'elle en a après moi t'as vu ! »  Comprenant alors que les faiblesses de notre mère ont quand même des limites et qu'échapper à la punition est amplement suffisant, il ne faut pas non plus espérer lui faire avouer qu'il se pourrait qu'un adulte, un professeur notamment, puisse être faillible et se laisser influencer par ses "affinités" pour un élève alors elle s'en va en sautillant. Ma mère se tourne vers moi « Vous êtes des calamités ! » Je lui souris. « Et toi t'es trop gentille. » Je dépose un baiser sur sa joue puis m'en vais dans ma chambre, officiellement faire mes devoirs alors que je vais surtout rejoindre Anya qui me remercie alors de l'avoir aidé à feindre que ça me déplaisait qu'elle ne soit pas punie pour qu'elle y échappe et puisse donc aller à la soirée de son meilleur ami. A qui je casserais bien la gueule  d'ailleurs puisqu'il reluque un peu trop Anya à mon goût.

✦ 2001.
« Aaron ton père ne s'en remettra pas... » Je le savais bien. Oui l'armée était une affaire de famille. Depuis des générations tous les hommes y travaillaient et je risquais de faire tâche voire même de décevoir mon père en devenant l'intello de la famille. Mais moi je n'aspirais pas à protéger le pays. Je voulais sauver des vies sans avoir à nuire à d'autres. Pour moi le plus beau métier du monde c'était en effet médecin et je voulais en devenir un. J'admirais tellement ce métier que depuis tout petit dès que je ne me sentais pas trop bien j'insistais pour aller voir le docteur Jefferson et dans la base je passais mon temps à surveiller l'infirmerie au plus grand désespoir des gardes qui ne voulaient pas que les enfants traînent par là.  « Je sais maman... » que je lui réponds en faisant mine que je suis pas blasé de sa réaction. Mais c'est le cas Je me dis qu'elle est vraiment pas croyable puisque la plupart des mères sont dévastées lorsqu'elles apprennent que leurs enfants veulent s'engager. Elle non. Du moins c'est ce que je croyais jusqu'à ce qu'elle me prenne dans ses bras et me chuchote « Je te soutiendrai toujours chéri. Si tu veux aller à l'université, tu iras. Quoiqu'en dise ton père. Tu sais qu'il t'aime et il finira par s'en remettre. » Elle me fait alors de nouveau face et continue. « L'armée m'a volé mon mari, un fils, si mon autre fils préfère éviter je ne peux que m'en réjouir... » Un large sourire s'affiche sur mon visage et il est très vite suivit du sien. Un sourire qui s'est cependant très vite éteint lorsqu'après m'avoir demandé ce que je voulais faire je lui ai répondu médecin. Je lui ai alors demandé ce qu'elle avait et elle m'a répondu « Je suis juste fière de toi. » ce qui m'a amplement suffit. Je savais que ça n'allait pas être aussi facile avec mon père.

✦ 2002.
Je porte l'échelle et la pose sur le côté de la maison d'à côté. Je monte les barres en quelques secondes à peine et une fois arrivé dans la chambre de Mila, je saute sur son lit. « Allez arrête de déprimer mimi. » Ça fait plus d'un mois maintenant qu'elle ne veut plus sortir. Certes nous n'avons plus l'âge de faire des coups-bas aux voisins ou de jouer aux détectives en surveillant les gars de l'infirmerie, mais entre mes cours à l'université j'aimerais quand même passer du temps avec elle. Parce qu'elle me manque. Bien entendu à l'université je vois pleins de filles qui pourraient ressembler à Mila mais elles ne sont pas comme Mila.  Alors oui voir de nouvelles têtes c'est bien mais ça ne sera jamais mieux que de passer du temps avec la nana qui me connaît même mieux que ma propre famille. « Laisse-moi tranquille Aaron ! »  Et là je comprends que l'heure est grave. Nous sommes ronron et mimi, à la rigueur Ron' et Mi '. Mais je suis Aaron et elle est Mila uniquement lorsque nous sommes en colère. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle ne veut rien savoir. Je passe alors mes mains sous la couette et commence à la chatouiller. Et alors que je m'attends à ce qu'elle rit aux éclats comme à son habitude elle se défait de mon emprise et m'hurle « Va jouer avec ton autre blonde ! » Ah j'ai compris... « T'es jalouse ? Sérieusement t'es jalouse ? » Elle fronce les sourcils. « Te moque pas de moi en plus de ça Aaron Roseburry sinon je te fais valser par la fenêtre j'te le dis ! » J'éclate alors de rire. « Même pas cap... » Un sourire à la fois nargueur et joueur se dessine sur mon visage. Non ce n'est pas que j'en ai envie, dégringoler du deuxième étage de la maison de Mila c'est pas forcément mon trip voyez-vous. Cependant j'ai envie qu'elle réagisse, j'en ai marre de la voir faire comme si de rien était alors qu'elle m'en veut à mort. Et ça marche puisqu'elle fonce sur moi et essaie tant bien que mal de me pousser. Et comme ça l'énerve encore plus de ne pas y arriver elle lâche enfin son sac... « Tu m'énerves ! » Elle tape un bon coup sur mon torse et reprend « Ce n'est pas que je suis jalouse c'est juste que ça m'énerve que tu traînes avec ces pimbêches de la ville ! » Parce que oui, même si nous vivons à Fairbanks, vivre sur la base militaire nous fait dire que les autres sont de la ville. Nous avons un style de vie totalement différent. Le style army family quoi. Quoiqu'il en soit je ne peux m'empêcher de lui rétorquer « C'est ce qu'on appelle de la jalousie. »  Elle pose alors sa tête dans ses mains et m'hurle « Ouais je suis peut-être jalouse et alors ?!  Après tout tu es entré dans ma vie, comme ça. Tu t'es permis de devenir la personne la plus importante et après ça tu crois que tu peux disparaître puis réapparaître comme bon te chante ?! Je suis quoi moi ? Juste la bonne copine ? Celle qui est là quand ça va pas alors que les autres profitent des bons moments avec toi ?! » Et elle continue à s'emballer alors que moi j'ai du mal à savoir où elle veut vraiment en venir. Malgré tout sans que je comprenne pourquoi, je m'approche d'elle, attrape son visage et l'embrasse. Pas un baiser timide comme on a pu en échanger un alors qu'on avait sept ans en dessous d'une table lors d'un déjeuner militaire officiel  et donc ennuyeux. Non c'est un baiser fougueux. Un baiser langoureux même. Un baiser qui me laisse sur le cul puisque même si j'ai eu quelques petites amies, ça n'a jamais été comme ça. Je me sens emporté par des envies et désirs que je n'avais alors que furtivement ressentis. J'ai l'impression que tout ça me dépasse. Mais j'ai l'impression aussi que ce qui devait arriver est enfin arrivé. Et contre toute-attente lorsque nos lèvres se détachent avec difficulté elle ne trouve rien d'autre à dire que « Merci... » Je me mets alors à rire et attrape de nouveau ses lèvres, la serrant fort contre moi. N'importe quel mec aurait sans doute mal pris la chose mais moi j'ai bien compris que c'était parce qu'elle avait attendu qu'enfin je provoque ce moment. Et quelque part moi aussi je devais l'attendre sans vraiment le savoir... Quoiqu'il en soit c'est donc ainsi que Mila et moi sommes passés de meilleurs amis à petits amis.

✦ 2007.
« Mais qu'est-ce que tu fais là Aaron ? » Un sourire sur les lèvres je regarde mon père. Appréhendant quelque part sa réaction mais impatient de lui annoncer la nouvelle. « Je te l'ai dit hier papa c'est mon premier jour de travail. » Il arque un sourcil et je reprends donc « J'ai décidé d'allier ma passion à mon devoir familial. J'ai parlé avec le général et il a accepté de me prendre comme élève pour être médecin-militaire. Au lieu de commencer mon internat à l'hôpital je commence ma formation ici.  » Un large sourire se dessine alors sur son visage et c'est un énorme poids qui me quitte à cet instant. Il est content. « File tu vas être en retard. » Il n'a pas besoin d'en dire plus je sais qu'il est ravi. Mais malgré tout c'est un énorme bonheur qui me prend lorsqu'il ajoute « Mais avant sache que j'ai toujours été fier de toi Aaron. Qu'aujourd'hui tu commences ici ou à l'hôpital je suis fier de toi ! » N'en attendant pas tant de sa part c'est  effectivement heureux comme jamais que je commence mes premiers jours en tant que militaire mais surtout en tant que médecin.

✦ Mars 2012.
Revenus de notre voyage de noces je lance à Mila qui est maintenant ma femme. « Alors ça fait quoi d'être Madame Roseburry ? » Elle me lance son plus beau sourire, celui qui me fait chavirer et répond « Je suis la femme la plus heureuse. » Je la serre contre moi avant de l'embrasser avec passion. Pourquoi nous sommes nous mariés ? Parce qu'après toutes ces années c'était la finalité logique. Puis on s'aime alors on s'est dit que c'était le moment. Nous et ma mère aussi puisque pour elle il était grand temps que Mila et moi ça devienne officiel. Sans doute parce qu'elle espère être prochainement grand-mère... Quoiqu'il en soit nous sommes heureux. Cela fait trois ans maintenant que nous vivons ensemble et tout nous réussit. Je suis devenu médecin-militaire, elle, elle s'entend bien avec toutes les army wives de la base puisqu'elle grandit ici. La tenant je l'amène donc style de rien vers notre salon et alors que je la fais tomber avec délicatesse sur notre canapé et m'allonge sur elle, nos lèvres toujours scellées, la sonnette retentit. « On ne répond pas. » que je lui chuchotte. Elle rit mais répond « C'est Alex, il m'a demandé si il pouvait passer m'amener quelques bouquins. » Je soupire tandis qu'elle se relève. « Tu diras à Alex qu'il fait chier. » Je le dis en rigolant mais au final je n'en pense pas moins. Je le connais depuis toujours et Mila aussi. Autrefois lui et moi nous étions amis mais depuis que je suis avec Mila les choses sont beaucoup plus compliquées entre lui et moi. Même si Mila ne veut rien voir je sais très bien qu'il en pince pour elle depuis toujours et ça m'embête qu'ils traînent aussi souvent ensemble. Du coup agacé qu'elle m'abandonne pour lui je les rejoins dans l'entrée et l'embrassant un peu pour marquer ma propriété je dois l'avouer, je lui dis « Je vais voir ce qu'il s'est passé à l'infirmerie lors de notre absence Madame Roseburry. » Je souris à Alex comme pour dire "Oui n'oublie qu'elle est ma femme !" et lui lance «  A la prochaine Alex ! ». Je vois que ça embête Mila que je parte déjà au travail mais elle ne peut s'en prendre qu'à elle après tout.   

✦ Juin 2012.
Après une longue journée au travail qui n'en finissait plus je rentre enfin à la maison, pressé de retrouver ma femme. J'ai encore du mal à me dire que nous sommes mariés et qu'elle serait donc ma femme jusqu'à la fin de mes jours puisque nous n'y avions jamais pensé avant de nous marier mais je suis malgré tout heureux. Nous sommes heureux. Du moins c'est ce que je croyais puisque arrivé à la maison avec plus de trois heures de retard je tombe nez à nez sur Mila à moitié dénudée, son meilleur ami au dessus d'elle sur le plan de travail de la cuisine pantalon en bas des pieds mes caleçons heureusement relevés. Croyant d'abord rêver lorsque je m'aperçois que tout ça est bien réel j'attrape ce dernier et le plaque au mur. Mon poing vient alors rejoindre avec force son visage et Mila se lève d'un bond essayant de me calmer. « Aaron arrête. » Un second coup puis d'autres partent sans que je ne puisse les arrêter. Du moins jusqu'à ce que Mila se mette à pleurer « S-il-te-plait Aaron, calme-toi ! »  Là je me tourne vers elle et pour la première fois de ma vie j'ai envie de la gifler. Néanmoins je me retiens et lui hurle « Me calmer ? Pourquoi ? Tu vas pouvoir m'expliquer ça ? » Elle ouvre la bouche et je l'interromps aussi vite. « Tais-toi Mila, je ne veux même pas t'entendre. » Je quitte alors le domicile conjugal en claquant la porte.  J'ai l'impression que le monde ne tourne plus rond, j'ai l'impression d'être tombé de tellement haut qu'au bout de plusieurs kilomètres je ne trouve même plus la force de continuer d'avancer. Je m'arrête alors et m'aperçois que je me trouve dans la  forêt interdite. Je m'adosse alors à un arbre et essayant de retrouver mon calme je me dis que si les histoires qu'on raconte sur cette putain de forêt sont vraies, j'aimerais bien que les bêtes mystérieuses et dangereuses qui soit disant s'y trouvent me fassent ressentir quelque chose. Parce que maintenant que la rage m'a quitté je ne ressens plus rien. Plus de sentiments, plus rien n'a de sens... J'ai l'impression d'être vide et de sombrer. Je ferme alors les yeux et exténué je finis par m'endormir. Jusqu'à ce que je sois réveillé par les vibrations incessantes de mon téléphone. J'y jette un œil et y remarque 23 appels manqués. Je regarde autour de moi et me rends alors compte que tout ça n'était pas un mauvais rêve. Mila m'a bel et bien trompé. Je décidé néanmoins de ne pas m'apitoyer sur mon sort plus longtemps et donc de rentrer. Mais pas chez Mila et moi, je vais plutôt chez James. Qui lorsqu'il ouvre la porte et m'aperçoit comprend directement que quelque chose de plus grave qu'il ne le pensait ne va pas. Mais je ne lui laisse même pas le temps de demander et lance « Mila m'a trompé. » Il semble aussi surpris que je l'ai été mais me connaissant préfère répondre « Et comment va le gars ? » Je pouffe légèrement « Mal j'espère mais j'ai pas assez cogné, Mila était derrière et j'avais envie de la gifler alors j'ai préféré partir. » Me rendant alors compte de la chose j’enchéris  « J'allais la frapper tu te rends compte ? » James s'assoit et me lance alors avec son air moqueur « Mila t'a trompé et ta plus grande inquiétude c'est d'avoir voulu la frapper ? Tu ne changeras jamais Aaron... » Il n'a pas tort... « Puis tu ne l'as pas fait et c'est le plus important. Toi t'as rien à te reprocher. » Ouais... Mais... « Pourquoi est-ce qu'elle m'a trompé alors ? » que je dis tout haut, n'espérant pas forcément une réponse de sa part.  « Je ne sais pas frérot mais tu devrais l'appeler. Elle nous a tous alerté et on était inquiets. Va la voir et voit ce qu'il en est. » Suivant les conseils de James je rentre alors chez nous. Même si ce "nous"  n'a désormais plus de sens après ça. « T'es enfin là. » me lance-t'-elle. « Ouais. » Je regarde les alentours pour m'assurer que l'autre connard n'est pas encore là même si il ne  manquerait plus que ça puis reprends « Pourquoi ? » Elle baisse la tête. « Ron' t'es le seul mec que j'ai jamais eu dans ma vie. J'étais complètement flippée. » Elle pose alors ses mains sur son visage comme elle le fait lorsqu'elle a quelque chose de difficile à dire. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Ça me fait mal de la connaître à ce point et de ne pourtant pas comprendre ce qu'elle essaie de m'expliquer... Pourquoi gâcher notre bonheur ? Pourquoi être flippée alors qu'elle était d'accord pour se marier ? « Je suis enceinte Aaron. J'ai appris avant-hier que je suis enceinte d'un mois et j'ai paniqué. Tu rentrais pas à la maison, Alex est passé et...  » Mes pensées se bousculent alors... Je vais être papa ? Je tente tant bien que mal de faire le tri dans ma tête alors qu'elle continue « Tu as été mon meilleur ami, mon petit ami et maintenant mari et père de mon enfant. Tu as toujours été le seul. Il n'y a toujours eu que toi. Je te le jure Aaron. » Je me rends compte que pour la première fois elle me ment. « Plus maintenant. » Après tout elle m'a trompé, il y a Alex maintenant.  « Si Aaron, j'te jure qu'il ne s'est rien passé de plus que ce que tu as vu. Je ne vais pas te mentir, si tu n'étais pas arrivé ça aurait sans doute été plus loin parce que j'étais perdue. Mais là ce n'est pas le cas et ça ne le sera jamais... » Peut-être bien mais lorsque me revient en tête le fait qu'elle allait coucher avec lui alors qu'en elle se trouve mon enfant ça me rend fou... Un long et pesant silence se fait alors entendre dans la pièce. Je ne sais pas quoi lui dire. Ou plutôt je ne veux rien lui dire sachant pertinemment  qu'en plus d'être vexant je risque de le regretter. Mais elle ne peut s'empêcher de me demander « On fait quoi ? » Je souffle un bon coup et lui lance « On attend et on verra... » Il ne reste plus que ça à faire de toute manière vue qu'elle a tout gâché.  

✦ Octobre 2012.
« T'es sûr que c'est le bon choix ? » Je regarde Anya et hausse les épaules. Comment pourrais-je être certain que rester avec Mila est le bon choix ? Entre elle et moi c'est compliqué mais on a décidé de tout mettre en œuvre pour que ça fonctionne. On va être parents et on ne peut pas tout ruiner pour une erreur. Aussi difficile soit-il de digérer cette erreur. Cependant je sais que depuis toujours Anya n'est pas fan de Mila et encore plus maintenant alors je préfère lui dire « Oui je suis certain. On s'est mariés pour le meilleur et pour le pire je te rappelle. Tu étais l'une de ses demoiselles d'honneur d'ailleurs. Je sais que tu as bu comme un trou mais il n'empêche que tu étais là donc voilà tu sais ce qu'il en est. » Anya se renfrogne. Je suis presque un peu froid avec elle et je vois bien que ça ne lui plaît pas. Moi non plus ça ne me plaît pas mais je sais que je dois mentir un peu à ma famille, surtout ma sœur,  pour que les choses puissent un jour redevenir à la normale et que mon enfant ait une chance de grandir dans un environnement sain. « Puis de toute façon les histoires de couple d'Aaron ne nous regarde pas. Le plus important étant qu'il soit heureux ma chérie. » conclue notre mère tentant d'apaiser l'ambiance comme elle le peut. Aidé par James qui enchérit « Tout à fait. » Je sens bien qu'Anya n'a qu'une envie hurler sur tout le monde, leur disant qu'ils sont entrain de me pousser vers mon malheur et ça serait mentir que de dire que je n'en pense pas autant, malgré tout je leur suis reconnaissant de ne pas me réconforter dans l'idée que plus rien ne redeviendra comme avant. J'ai besoin de croire que ça sera un jour le cas. J'ai besoin de savoir que maintenant que je vais être papa tout ira bien. Et comme si Anya se rend compte de l'anxiété qui recommence à me ronger elle finit par se ranger à la majorité et lance « En tout cas j'ai intérêt d'être la marraine ! » Je souris et réponds « Seulement si tu arrêtes de risquer ta vie comme ça. » dis-je en lui montrant son bras plâtré. « Tu seras le modèle de ma fille et je n'ai pas envie d'avoir des cheveux blancs dans 10 ans ! » Tout le monde se met alors à rire. Même pas drôle d'abord !

✦ Janvier 2013.
« Je dois y aller j'ai déjà 30 minutes de retard, je suis désolé ! » Mila a rendez-vous à l'hôpital pour une écho et il est hors de question que je manque ça. Malheureusement un gars est rentré avec une balle dans la jambe et il a fallut l'opérer d'urgence, du coup je suis en retard... J'appelle donc sur le portable de Mila « Allez répond, rép... » « Allo ? » Je reconnais directement la voix, Alex. « Où est Mila ? Qu'est-ce que tu fous avec elle ? » Je sens mon sang ne faire qu'un tour et les envies de meurtre m'envahir. Ok j'ai accepté le fait que c'était une erreur, mais pas au point que Mila le revoit comme si de rien était. Cependant comme je suis débordée depuis un mois elle recommence à passer un peu trop de temps avec ce con. Con qui a le culot de me répondre « Comme tu n'étais pas là je lui ai proposé d'aller à l'hosto avec elle. On s'est arrêtés au McCaffety's elle devait aller aux toilettes. Enfin tu sais ce que c'est les femmes enceintes… Bref tu nous rejoins ? » Avec son air innocent j'ai envie de le tuer... Je vais le tuer. « DE QUOI JE VOUS REJOINS ?! Ecoute-moi bien tu vas rester là où tu es et je vais venir la chercher. » J'y crois pas qu'elle me fasse ça. Il n'a rien à faire avec elle, surtout pas le jour de l'écho de notre fille, MA fille ! Je raccroche et me dépêche de les rejoindre. J'y arrive environ cinq minutes plus tard mais n'aperçoit pas sa voiture. Ils n'auraient pas osé... Je me dirige alors vers l'hôpital et d'un coup la circulation ralentie. Je sors alors de la voiture et aperçoit au loin la voiture complètement défoncée d'Alex... « MILA ! » Je m'approche du lieu de l'accident en courant totalement paniqué, la cherchant rapidement du regard. Et lorsque enfin je l'aperçois je m'approche d'elle et lui demande « Comment ça va ? Le bébé ? » Elle me répond « Tout va bien je crois mais Alex... » Je l'aperçois alors inconscient à ses côtés. Avant toute chose je l'aide à sortir du véhicule et à peine l'en ai-je éloignée que ce dernier explose. Elle hurle alors... Je la prends dans mes bras et tandis que je la serre tout contre moi j'aperçois quelqu'un allongé plus loin sur le sol. Mon instinct de médecin refait surface et je lui lance « Reste-là, j'arrive. » Je dépose un furtif baiser sur son front et me dirige vers le blessé que j'identifie très vite comme une blessée. « Mademoiselle ! » Je vérifie l'état de la jeune femme et ajoute « Hey ! Il faut rester éveiller, focalisez-vous sur ma voix. » Je lui administre les premiers soins et sentant qu'elle est angoissée je suis son regard qui se dirige vers l'autre véhicule accidenté. Sachant que je ne peux rien faire de plus j'essaie de la calmer comme je peux « Ça va aller... » Je sais que ça risque de ne pas être le cas mais si elle doit survivre il faut qu'elle se calme. Après plusieurs minutes qui me paraissent des heures les secours arrivent enfin. « Aaron Roseburry médecin de Fort Wainwright. » Je leur fait ensuite mon bilan jusqu'à ce que Mila hurle « AARON MES JAMBES ! » Je me tourne et voyant ma femme entourée des secours je souffle une dernière fois à l'inconnue « Ça va aller ne vous en faîtes pas. » puis je vais rejoindre Mila. « Que se passe-t-il ? » Les lèvres tremblantes Mila m'annonce « Je ne sens plus mes jambes et ils ne me disent rien. » Je ne comprends pas qu'elle ne s'en soit pas rendu compte avant. Je pose alors mes yeux sur son corps et aperçoit une tâche de sang entre ses jambes. « Elle est enceinte. Notre bébé... » Je n'arrive même plus à réfléchir et hurle sur les gens qui se trouvent autour de nous « Il faut l'emmener et vite ! » Mila a l'air paniquée et je sais que je devrais la rassurer pourtant je ne peux m'empêcher de ne penser qu'à ma fille... Si elle l'a tué. Si Alex l'a tué tout ça parce que Mila n'a pas voulu m'attendre... Et arrivés à l'hôpital mes craintes se confirment lorsqu'un médecin m'annonce « Je suis désolé Mr Roseburry. » Il m'annonce aussi que la colonne vertébrale de Mila a été gravement endommagée mais sur le coup j'en ai strictement rien à foutre puisqu'elle a tué notre bébé, mon bébé !

✦ Février 2013.
« Comment ça va aujourd'hui ? » Je la regarde assise avec difficulté dans son lit d'hôpital, la tête tournée vers la fenêtre, les traits tirés et l'air complètement déprimée. Quelque part j'ai mal au cœur bien entendu mais il n'empêche que je continue de lui en vouloir. Je ne lui ai jamais rien reproché ayant peur qu'elle ne s'en remette pas mais je suis certain que tout ça elle l'entend sans que j'ai besoin de le dire. Oui c'est de sa faute qu'elle se trouve là et dans cet état. Oui c'est de sa faute que notre fille ne verra jamais le jour. Oui c'est de sa faute que ça ne va plus entre nous. Et comme elle me connaît elle sait bien que ça n'est pas prêt de changer. Alors c'est sans conviction qu'elle me répond « Ça va. » Je sais que c'est faux mais je m'en contente et sort de la chambre de celle qui est ma femme mais dont je suis encore plus détaché que si c'était une inconnue. Je m'en veux autant que je lui en veux pour tout ça. Mais je n'y arrive pas. Non je n'arrive pas à aller au delà de ma colère contre elle. A contrario lorsque je vais rendre visite à Clio qui est donc l'inconnue blessée lors de l'accident, c'est dans un tout autre état d'esprit que je me trouve... « Salut petit rayon de soleil. » Un large sourire se dessine alors sur son visage et je sens mon cœur battre plus fort dans ma poitrine. Ça fait plus d'un mois maintenant qu'a eu lieu l'accident et c'est toujours un plaisir pour moi de passer le pas de la porte de sa chambre. On ne se connaît pas tellement mais on apprend et grâce à Clio je me sens revivre. Je ressens ce que je n'ai plus ressenti depuis longtemps, très longtemps même. J'essaie de faire comme si ça n'était rien, comme si ça n'avait pas d'importance, mais je sais que ça en a. La preuve chaque fois je passe plus de temps à ses côtés alors que je passe de moins en moins de temps au chevet de Mila. C'est un plaisir d'être ici, alors qu'être avec Mila ce n'est que colère difficilement dissimulée et malaise. Qu'haine enfouie et rancœurs. Quoiqu'il en soit une fois assis à ses côtés je pose sur son chevet quelques livres dont nous avons parlé la veille « Voilà ce que je t'avais promis. » Après ça on discute alors des heures. On parle de banalités comme de choses plus sérieuses. On parle de nous, de la vie, de tout. Ça fait longtemps que je n'avais plus de discussions aussi libres et variées et c'est sans doute pour cela qu'au moment de partir c'est en traînant les pieds et sans envie que je me dois de quitter sa chambre.  « A demain, reposes-toi bien. » Je lui fais alors un clin d’œil et n'aspire qu'à une chose : revenir. Néanmoins avant de partir travailler je passe malgré tout devant la chambre de Mila qui est toujours dans la même position que précédemment. Divers sentiments se mélangent encore et je me dis que c'est une mauvaise idée d'être repassé. Et lorsqu'elle souffle « Comment va-t-elle ? » je me sens en colère qu'elle ose me le demander et presque me le reprocher mais en même temps je me sens honteux, comme si je lui ai été infidèle. Je ne réponds donc que « Mieux. » puis avant de partir j'ajoute « A demain... ».   

✦ Juin 2013.
Descendant de la voiture j'en fais le tour et ouvre la porte côté passager pour en extirper Mila. « C'est tout bon ? » Elle me fait signe positivement de la tête et je l'amène alors jusqu'à ce qui est chez nous même si elle comme moi n'avons plus l'impression que c'est le cas. A l'intérieur je la pose sur le canapé et après avoir soufflé un bon coup elle lance « Ça me rappelle lorsque nous avons emménagé. Tu m'as tenu comme ça et... » Se rendant compte que ça n'est pas le moment et que ça me met mal à l'aise  elle cesse de rappeler ce qui était un bon moment. Un moment dont je ne veux pas me rappeler parce qu'il risquerait de me faire ressentir quelque chose pour elle. Et qu'il en découle du négatif ou positif je me dis que je ne peux pas. Parce que je n'ai plus envie de l'aimer mais aussi parce que je n'ai pas non plus envie de la haïr sachant pertinemment qu'elle a plus que jamais besoin de moi.  Elle ajoute donc « Désolée... » et je réponds le moins sèchement possible « Ça ira. ». Après ça je vais chercher son fauteuil et lui demande « Tu as besoin de quelque chose ? » Elle me fait signe de la tête que non et je reprends donc « James devrait arriver d'ici quelques minutes, je dois faire quelque chose il va passer un peu de temps avec toi. » Je sais qu'elle doit avoir en horreur d'être gardée comme une enfant qu'elle n'est plus mais je ne me voyais pas l'abandonner... Et même si elle déteste cette idée elle a au moins la délicatesse de ne pas s'en plaindre, se taisant. Pour ça je peux pas dire qu'elle ne fait pas énormément d'effort... Elle me ménage tellement que je me demande parfois si cela n'est en fait pas les signes d'une dépression plutôt qu'un ménagement de sa part pour m'aider avec cette situation plus que compliquée.  Après tout connaissant Mila elle est plutôt du genre à mettre les choses sur table. Pourtant je n'ai pas la force de me poser plus longtemps la question, son handicap m'accapare déjà énormément de mon temps et penser à elle n'est déjà pas aisé alors je préfère éviter le plus possible de m'inquiéter pour elle.  Car oui même si j'arrive de nouveau à me trouver plus de dix minutes dans la même pièce qu'elle, ce n'est pas pour autant la joie.  Quoiqu'il en soit on sonne enfin à la porte et alors que je m'apprête à aller ouvrir elle me rejoint et me lance « Tu peux y aller, ça va aller. » Ce détachement qu'elle a parfois envers moi et dont je fais preuve presque tout le temps, me fait du mal. Parce que quelque part au fond de moi je dois encore l'aimer et je m'en veux de nous faire endurer ça. Mais il n'en reste pas moins que je n'arrive pas à aller au delà de tout ça alors je me contente de lui sourir faiblement et lance à James « Merci, je serais là d'ici 2h, si besoin maman m'a dit qu'elle passera alors n'hésite pas à l'appeler. » Je m'enfuie alors de ma maison qui ressemble depuis plusieurs mois plus à une prison qu'autre chose. Deux heure plus tard je rentre et n'entendant pas de bruit je m'inquiète. « Je suis là, y'a quelqu'un ? » Pas de réponse. Je fouille alors la maison et c'est dans la chambre -saccagée- qui devait être la chambre de notre fille que je retrouve Mila. Elle est visage rouge et tête posée sur les barreaux du lit de bébé. Je regarde alors l'ensemble de la pièce et j'ai l'impression que mon cœur se déchire. Je me rappelle alors que c'est de ma faute que c'est tant le bordel par ici et ne pouvant rester plus longtemps ici je place la tête de Mila correctement et m'apprête à la pousser jusqu'à ce qui était notre chambre. Cela la  réveille et elle se frotte honteusement les yeux. Je déglutis alors. Je lui demanderais bien où est James mais je l'imagine très bien l'avoir mis dehors quelques minutes à peine après mon départ. Je tente alors de lui donner des explications sur tout ça.   « Je... » Cependant elle me coupe. « T'as pas à t'expliquer. »  Je ne sais pas vraiment si elle parle de la chambre ou de la situation mais je lui en suis quelque part reconnaissant. J'ai tout sauf envie de parler de tout ça finalement.  

✦ Janvier 2014.
« Du coup on va déménager Mila. » Elle me regarde et elle a l'air presque rassurée que je compte l'emmener avec moi. Certes les choses se sont largement améliorées entre elle et moi il n'empêche qu'il y a encore beaucoup de malaise. De nombreuses choses nous n'avons jamais reparlé et on ne sait pas vraiment où nous mettons les pieds. Chaque jour est une victoire pour notre couple puisque nous sommes en effet redevenu un couple.  Non sans difficultés néanmoins. Quoiqu'il en soit je ne m'imagine pas l'abandonner. Mila a toujours besoin de moi... Et comme j'ai hérité du cabinet du docteur Jefferson pour je ne sais quelle raison nous allons habiter une petit maison plein pied dans l'arrondissement Hoden. Ça ne pourra nous faire que le plus grand bien parce que vivre dans cette maison est pour nous de plus en plus insupportable. Trop nombreux sont les mauvais souvenirs ici. Effectivement cela n'arrangera pas tout mais ça pourra peut-être aider. Le temps qu'on trouve une solution en tout cas. C'est donc ainsi que nous allons commencer une nouvelle vie en ville. Sans oublier celle passée mais en essayant de faire de notre présent un futur tout du moins. Mais il n'empêche que ça reste plus que compliqué. Parce que même si nous avons l'apparence d'un couple normal, nous ne retrouverons sans doute jamais ce que nous avions. De nombreux sujets restent tabous, de nombreux gestes sont encore difficiles à avoir l'un envers l'autre. Tant de choses qui font qu'on arrive toujours pas à sauter au dessus du fossé qui nous sépare. Et l'handicap de Mila n'aide pas -sans mauvais jeu de mot- puisque nous ne savons pas si nous sommes encore ensemble à cause de ça ou parce qu'on s'aime encore. Et le fait que je vais travailler avec Clio maintenant ne va certainement pas nous aider, c'est certain...